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Violences

Les gangs à Haïti, une vieille histoire

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Depuis que le président Aristide avait fourni des armes à ses partisans, il y a plus de vingt ans, la connivence entre partis politiques et groupes criminels est une constante dans le pays. Aujourd’hui, l’Etat n’a plus aucun pouvoir et les mafias ont pris le dessus.
A Port-au-Prince, le 7 mars 2024. (Clarens Siffroy/AFP)
publié le 10 mars 2024 à 9h11

La situation dramatique que vit Haïti, avec un Premier ministre (et président de facto) absent du pays et un défi lancé à l’Etat par les groupes criminels armés, présente de nombreuses ressemblances avec celle connue par le pays il y a exactement vingt ans. On peut d’ailleurs s’interroger sur le caractère fortuit ou non de la date de l’offensive lancée pour tenter de renverser le Premier ministre, Ariel Henry, le 29 février : c’était jour pour jour le 20e anniversaire du coup d’Etat qui avait chassé le président élu Jean-Bertrand Aristide.

Ce 29 février 2004, l’ancien prêtre catholique démissionnait et abandonnait le pays dans un avion de l’US Air Force, escorté par des militaires américains. Réélu en 2000 mais de plus en plus contesté par le monde économique mais aussi par une part grandissante de la population qui ne voyait pas les promesses du dirigeant de gauche se concrétiser, Aristide était acculé par une guérilla, «l’armée cannibale», qui contrôlait déjà une partie du territoire et menaçait la capitale.

Gendarmes et légionnaires français

Pour défendre sa «révolution», le Président avait fourni des armes dès 2001 à ses partisans dans son principal fief électoral, Cité Soleil, un bidonville de 500 000 ha