Des murs de flammes dans le centre du Chili en proie à la fournaise. Les secours s’activent dans le pays, où l’état d’exception a été décrété trois jours plus tôt, afin de lutter contre de violents feux de forêt qui s’étendent dans des régions touristiques et qui ont causé la mort de 131 personnes, selon un nouveau bilan provisoire transmis ce mardi 6 février par le Service médico-légal chilien.
L’ensemble des victimes a été enregistré dans la région de Valparaiso, selon la même source, qui a précisé que seuls 35 corps avaient été identifiés pour l’heure. Le précédent bilan datant de lundi faisait état de 123 morts. Le Chili observe ce mardi son second et dernier jour de deuil national en mémoire des victimes de ces incendies. Les pompiers luttent toujours contre une dizaine de foyers actifs dans des zones forestières, mais ils sont sous contrôle et ne menacent plus les zones urbaines.
Catastrophe la plus meurtrière
Il s’agit de la catastrophe la plus meurtrière de la dernière décennie dans le pays. «C’est la plus grande tragédie que nous ayons connue depuis le tremblement de terre de 2010», a déclaré le président Gabriel Boric, en référence au séisme de magnitude 8,8 qui avait été suivi d’un tsunami, le 27 février 2010, et qui avait fait plus de 500 morts.
Les incendies ont plongé dans un nuage de fumée la célèbre station balnéaire de Vina del Mar, dans la région de Valparaiso, et menacent des centaines d’habitations, provoquant des évacuations forcées. Les pompiers luttent sans relâche depuis vendredi contre une dizaine de foyers dans les régions de Valparaíso et O’Higgins dans le centre, mais aussi de Maule, Biobío, La Araucanía et Los Lagos, dans le Sud.
⚠️#ViñadelMar 🔥#I.F Totalmente Descontrolado. Altura Puente Las Cucharas. pic.twitter.com/HlZk8YBj2w
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Le président chilien Gabriel Boric a décrété l’état d’exception afin de «disposer de tous les moyens nécessaires» face à la progression des incendies. «Toutes les forces sont déployées dans le combat contre les feux de forêts», a assuré le chef de l’Etat dans un message posté sur le réseau social X.
Une réunion des services de secours a été convoquée samedi matin pour dresser un premier bilan de la situation. Le décompte des victimes ne cesse de grimper. Le service de médecine légale avait déjà enregistré 45 morts, mais «six autres personnes sont décédées dans des établissements médicaux», a déclaré samedi soir Manuel Monsalve, sous-secrétaire au ministère de l’Intérieur.
Depuis le palais de La Moneda à Santiago, le président Gabriel Boric, qui avait survolé le sinistre en hélicoptère, a annoncé que le nombre de victimes allait «augmenter» étant donné la «dimension» que prend «la tragédie». En plus des pertes humaines, entre 3 000 et 6 000 maisons ont été endommagées ou détruites par les incendies, selon le sous-secrétaire.
43 000 hectares de forêt déjà ravagés
Dans la seule région de Valparaiso, le feu a dévoré plus de 7 000 hectares, selon la Conaf, l’office national des forêts chilien, pointant l’«évolution extrême» de l’incendie. Plus largement les flammes ont ravagé 43 000 hectares de forêt, notamment sur la côte pacifique.
Des images devenues virales sur les réseaux sociaux, tournées par des automobilistes pris au piège, montrent les montagnes en proie aux flammes au bout de la fameuse «route 68», un axe routier emprunté par des milliers de touristes pour se rendre vers les plages du Pacifique. Dans les localités d’Estrella et Navidad, à 200 kilomètres au sud-ouest de la capitale, des incendies incontrôlés ont brûlé près d’une trentaine de logements, obligeant les résidents à s’enfuir dans cette zone proche de la station balnéaire de Pichilemu, réputée pour le surf.
Está la real cagada, si alguien sabe cómo poder ayudar avisen por favor #IncendioForestal #ruta68 #incendioruta68 #incendio #Valparaíso #VinaDelMar pic.twitter.com/jAJ6UU0eqO
— Benjamin Miranda (@benjamiran) February 3, 2024
Depuis mercredi, la température frôle les 40 °C dans le centre du Chili et la capitale Santiago. «Ces épisodes sont de plus en plus récurrents, c’est pourquoi nous voyons tous les ans des records historiques de températures», a expliqué à l’antenne chilienne de la chaîne CNN Pablo Lobos Stephani, chargé de la protection contre les incendies à la Conaf.
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Cette canicule résultant du phénomène climatique El Niño touche actuellement le cône sud de l’Amérique latine, en pleine période estivale, provoquant des incendies de forêt aggravés par le réchauffement climatique.
Après le Chili et la Colombie, la vague de chaleur menace dans les prochains jours l’Argentine, le Paraguay et le Brésil.
Mise à jour : mardi 6 février à 17 h 05 avec un nouveau bilan des morts revu à la hausse.