L’Afrique du Sud et l’Inde sont dans le viseur de Donald Trump. Ce lundi 4 août, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déploré des taxes douanières américaines «très punitives». Une annonce faite à quelques jours de l’application de ces droits de douane de 30 %, le taux le plus élevé d’Afrique subsaharienne.
«L’Afrique du Sud est confrontée de façon imminente aux droits de douane punitifs et délétères annoncés par les Etats-Unis», a constaté le chef d’Etat devant la presse, appelant le gouvernement à «agir avec urgence et détermination pour limiter l’impact de ces droits de douane très punitifs». Si les «discussions» avec les Etats-Unis se poursuivent pour «normaliser les relations commerciales», le président Ramaphosa a appelé à une «diversification des marchés d’exportation» des entreprises, à l’issue d’une réunion de son parti politique. «On doit pousser la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine», a par ailleurs exhorté le chef de l’Etat sud africain.
Pour Pretoria, l’heure est grave, les Etats-Unis étant le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud. Le gouverneur de la Banque centrale a averti que le relèvement des droits de douane américains pourrait coûter 100 000 emplois, dans un pays déjà accablé par un chômage de 33 %. Le ministère du Commerce et de l’Industrie a pour sa part évoqué lundi le chiffre de 30 000 emplois menacés.
L’impact sur la croissance pourrait être de 0,2 %, a estimé le ministre des Affaires étrangères Ronald Lamola lundi lors d’une conférence de presse, alors que le PIB n’a augmenté que de 0,1 % au premier trimestre. Selon le gouvernement sud-africain, ces nouveaux droits de douane doivent entrer en vigueur vendredi. Pretoria s’efforce encore de sceller un accord malgré la «provocation extrême» que représente la décision des Etats-Unis, a assuré le ministre des Affaires étrangères.
Les secteurs de l’agriculture et du textile particulièrement touchés en Afrique du Sud
Depuis des mois, Pretoria fait l’objet d’attaques de l’administration de Donald Trump qui lui reproche de supposées persécutions des fermiers blancs ainsi que sa plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ). En mai, le président américain avait accueilli en mai une cinquantaine de fermiers blancs afrikaners tels des réfugiés, affirmant sans fondement qu’ils étaient persécutés en Afrique du Sud. Lors d’une rencontre dans le bureau ovale, Donald Trump avait ensuite diffusé, devant un Cyril Ramaphosa interdit, un montage vidéo ponctué d’erreurs et supposé appuyer ses accusations.
Afin d’éviter les droits de douane élevés, l’Afrique du Sud a proposé d’importer du gaz naturel liquéfié et certains produits agricoles des Etats-Unis, ainsi que d’investir dans ses industries minières et de recyclage des métaux, avait indiqué le ministère du Commerce la semaine dernière. Les nouveaux droits de douane toucheront particulièrement les secteurs sud-africains de l’agriculture, de l’automobile et du textile, selon Pretoria. Environ 35 % des exportations sud-africaines échappent toutefois aux surtaxes, notamment le cuivre, les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques ou certains minerais critiques.
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L’Inde blâmée pour ses achats de pétrole russe
Le président américain est également remonté contre l’Inde. Donald Trump a menacé ce lundi d’augmenter «significativement» la surtaxe de 25 % qu’il prévoit de mettre en place sur les produits en provenance d’Inde, à qui il reproche d’acheter de «grandes quantités de pétrole russe». Les Indiens «ne se soucient pas du nombre de personnes qui sont tuées en Ukraine par la machine de guerre russe», affirme le chef de l’Etat dans un message sur sa plateforme Truth Social. «A cause de cela, je vais significativement augmenter les droits de douane payés par l’Inde aux Etats-Unis», ajoute-t-il.
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Pour l’heure, les droits de douane programmés pour l’Inde sont de 25 %. Mais Donald Trump avait prévenu qu’il voulait imposer des sanctions dites «secondaires», c’est-à-dire infligées aux pays qui achètent notamment du pétrole russe, sous sanctions, dans le but de tarir cette source de revenus essentielle pour Moscou.
Dans le passé, Donald Trump avait déjà critiqué l’Inde pour ses achats d’hydrocarbures et d’armement russes. Le pays est le deuxième acheteur de pétrole russe après la Chine. Dans son message posté lundi, Donald Trump accuse l’Inde «non seulement d’acheter de grandes quantités de pétrole russe», mais aussi d’en revendre une grande partie sur les marchés internationaux «pour faire de gros profits».
«Cibler l’Inde est injustifié et déraisonnable», a réagi le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Randhir Jaiswal, ajoutant que «comme toutes les économies de premier plan, l’Inde va prendre les mesures nécessaires pour préserver ses intérêts nationaux et sa sécurité économique».