La coupe, drastique, risque d’avoir des conséquences terribles. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est contrainte de réduire de 20 %, soit un cinquième, les budgets alloués à ses missions et ses effectifs, à la suite de la décision des États-Unis, son principal contributeur, de retirer son soutien financier. C’est le directeur, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a fait l’annonce dans un e-mail interne envoyé vendredi 28 mars au personnel de l’agence de santé de l’ONU. L’instance, basée à Genève en Suisse, enregistre un trou de près de 600 millions de dollars en 2025.
«Malgré tous nos efforts, nous en sommes maintenant au point où nous n’avons d’autre choix que de réduire le périmètre de notre travail et de notre personnel», regrette le responsable. Et celui-ci de préciser : «Ces mesures s’appliqueront d’abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affecteront tous les niveaux et toutes les régions».
Récit
En plus d’acter le départ des Etats-Unis de l’OMS dès son entrée à la Maison Blanche en janvier, le président Donald Trump a par ailleurs décidé de geler pratiquement toute l’aide étrangère américaine, y compris d’importants programmes visant à améliorer la santé dans le monde.
En 2020, lors du premier mandat du magnat de l’immobilier, les Etats-Unis avaient déjà entamé les démarches pour quitter l’OMS. En janvier, une fois réélu, Donald Trump a justifié sa décision par l’écart des contributions financières américaines et chinoises, accusant l’organisation d’«arnaquer» son pays.
Donald Trump accuse l’OMS «d’arnaquer» les Etats-Unis
Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’OMS. Sur le dernier cycle budgétaire de deux ans, pour les années 2022 et 2023, ils ont apporté 16,3 % des 7,89 milliards de dollars du budget total de l’organisation. «Des réductions drastiques de l’aide publique au développement par les États-Unis et d’autres pays causent d’énormes perturbations pour des pays, des ONG et des agences des Nations Unies, y compris l’OMS», a souligné le directeur de l’OMS.
Avant même le début du processus de retrait américain, l’OMS était déjà confrontée à des contraintes financières. Mais «l’annonce des États-Unis, combinée à des réductions récentes de l’aide publique au développement de certains pays pour financer une augmentation des dépenses de défense, a rendu notre situation beaucoup plus critique», souligne-t-il. «Bien que nous ayons réalisé des économies de coûts substantielles, les conditions économiques et géopolitiques actuelles rendent la mobilisation des ressources particulièrement difficile».
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En février, le conseil exécutif de l’OMS avait réduit le budget proposé pour 2026-2027 de 5,3 à 4,9 milliards de dollars. «Depuis lors, les perspectives de l’aide au développement se sont détériorées», a rappelé le patron de l’OMS. Et «nous avons donc proposé aux États membres un budget encore réduit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21 % par rapport au budget initialement proposé».
La majorité du financement américain provenait de contributions volontaires pour des projets spécifiques, plutôt que d’une participation fixe. D’après des estimations que Libération a pu recouper, 42 % des coûts pour l’aide humanitaire dans le monde sont financés par les Etats-Unis, loin devant l’Union européenne, qui ne contribue qu’à hauteur de 8 %.