Des rafales d’une rare violence, des quantités d’eau colossales et des victimes. Jusqu’à lundi, la compilation des déclarations d’autorités locales établissait à près de 110 le nombre de victimes après le passage de l’ouragan Hélène et les inondations massives qui ont suivi dans le sud-est des Etats-Unis. Mais le chiffre pourrait s’avérer bien plus impressionnant, selon la Maison Blanche. «Jusqu’à 600 vies pourraient avoir été perdues», a indiqué la conseillère à la sécurité intérieure Liz Sherwood-Randall, lundi soir. «Il y a 600 personnes dont nous n’avons pas de nouvelles», a-t-elle précisé, espérant que certaines de ces personnes soient «en vie».
De Tallahassee en Floride à Charlotte en Caroline du Nord, des vents forts et des pluies diluviennes ont provoqué des crues soudaines, des chutes d’arbres et ont soufflé des habitations. Sur les côtes de Floride, la submersion marine a causé d’importantes inondations, avec une élévation du niveau de la mer atteignant par endroits six mètres, selon le gouverneur de l’Etat. En Caroline du Nord, l’Etat le plus touché, le bilan s’élève à 39 morts, dont 30 dans le seul comté de Buncombe. Au moins 25 personnes ont par ailleurs péri en Caroline du Sud, 17 en Géorgie, 14 en Floride, quatre dans le Tennessee et une en Virginie. Et près d’1,5 million de foyers se trouvaient encore sans électricité lundi soir, selon le site poweroutage.us.
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Même si les vents étaient retombés à 55 km/h, le Centre américain des ouragans (NHC) avait averti que des inondations «historiques» et «catastrophiques», accompagnées de glissements de terrain, continueraient dans les Appalaches jusque dans la soirée vendredi. Hélène a touché terre dans le nord-ouest de la Floride jeudi soir en ouragan de catégorie 4 sur une échelle de 5, avec des vents soufflant à 225 km/h. Il s’agissait du plus puissant ouragan ayant jamais frappé cette région, selon l’expert Michael Lowry.
Plusieurs décès sont liés à des chutes d’arbres sur des maisons. En Géorgie, l’une des personnes décédées faisait partie d’une équipe de secours, a précisé vendredi le gouverneur de Géorgie, Brian Kemp. «Nous avons fait près de 600 sauvetages», a dit vendredi matin sur CNN Deanne Criswell, patronne de l’agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema). «La menace n’est pas terminée» et la situation «est toujours dangereuse», a-t-elle ajouté, soulignant le risque d’inondation soudaine notamment au niveau de la grande ville d’Atlanta, en Géorgie.
1 500 personnes mobilisées pour aider
La vice-présidente et candidate démocrate à la Maison Blanche Kamala Harris a assuré vendredi soir qu’elle continuait «à suivre la situation de près» avec le président Joe Biden, ajoutant que l’administration avait mobilisé 1 500 personnes pour venir en aide aux personnes touchées. Avant elle, le président, «profondément attristé par les pertes humaines», avait «exhorté» les habitants à tenir compte des «appels à évacuer» émis par les autorités. «Prenez cela au sérieux, et soyez prudents», avait-il insisté. Lundi, le président Biden a assuré que le gouvernement fédéral allait «continuer à apporter des ressources, dont de la nourriture, de l’eau, des équipements de télécommunications et de sauvetage [...]. Comme je l’ai déjà dit, je le répète, nous serons là aussi longtemps que nécessaire pour terminer le travail.»
Avant le passage de l’ouragan, sur la côte près de Tallahassee, beaucoup avaient fui, après avoir protégé les fenêtres de leur maison avec des planches en bois, et la plupart des commerces avaient fermé, avait constaté jeudi soir un journaliste de l’AFP. Les autorités du comté de Taylor, en Floride, avaient demandé aux habitants n’ayant pas suivi les appels à quitter les lieux d’écrire leur nom sur leur corps à l’aide de feutres indélébiles, afin d’aider à leur identification s’ils venaient à être tués.
«L’un des plus grands ouragans du siècle»
La particularité de l’ouragan Hélène est d’être particulièrement étendu. Sa taille en fait «l’un des plus grands ouragans au-dessus du golfe du Mexique durant ce siècle», a noté l’expert Michael Lowry. Si plusieurs ouragans ont déjà frappé les Etats-Unis cette année, dont Béryl et Debby, ceux-ci étaient moins puissants qu’Hélène au moment de toucher terre.
L’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) avait prévenu que la saison des ouragans cette année – qui s’étend de début juin à fin novembre – s’annonçait particulièrement agitée notamment en raison de la chaleur des océans, qui alimente ces tempêtes. En réchauffant les eaux des mers, le changement climatique rend plus probable leur intensification rapide et augmente le risque d’ouragans plus puissants, selon les scientifiques.
Selon le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui a longé la côte en hélicoptère, l’ouragan Hélène a été «bien pire qu’Idalia». «Si vous regardez Keaton Beach, je pense que presque toutes les maisons ont été détruites», a-t-il décrit vendredi. Après s’être formé, Hélène s’est déplacé au-dessus d’eaux particulièrement chaudes dans le golfe du Mexique – plus de 30 °C, selon la climatologue Andra Garner. «Il est probable que ces eaux très chaudes aient joué un rôle dans l’intensification rapide d’Hélène», a souligné l’experte. «Nous savons également que le phénomène de submersion marine lié aux ouragans empire, car le niveau des océans augmente à mesure que nous réchauffons la planète», a-t-elle expliqué à l’AFP.
Mis à jour lundi 30 septembre : avec le nouveau bilan puis lundi 30 septembre dans la soirée avec les prévisions funestes de la Maison Blanche.