Le président du Venezuela montre les muscles. Nicolás Maduro a annoncé ce jeudi 28 décembre une manœuvre militaire «défensive» du Venezuela face à la «menace» d’un navire britannique au Guyana. Dimanche, le Royaume-Uni avait annoncé le déploiement d’un navire de patrouille militaire en soutien au Guyana, le HMS Trent, en pleine crise sur l’Essequibo, territoire riche en pétrole réclamé par le Venezuela, qui a réagi en dénonçant une «provocation». Selon Maduro, la première phase des exercices militaires vénézuéliens comprenait 5 682 combattant avec des avions de guerre F-16 (américain) et Sukhoi (russes) patrouillant dans la zone.
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«J’ai ordonné l’activation d’une action conjointe de toutes les Forces Armées nationales bolivariennes (vénézuéliennes) dans les Caraïbes orientales, sur la côte atlantique, une action conjointe de nature défensive, en réponse à la provocation et à la menace du Royaume-Uni contre la paix et la souveraineté de notre pays», a déclaré le président Maduro lors d’une émission de radio et de télévision, dans laquelle il a montré des images de navires de guerre et d’avions de combat patrouillant dans la zone. Le chef d’Etat vénézuélien annonce de fait la rupture des accords d’Argyle (Saint-Vincent-et-les-Grenadines) où il avait rencontré le 14 décembre son homologue guyanien, Irfaan Ali. Les deux hommes s’étaient alors engagés à ne pas faire usage de la force pour régler leur différend sur l’Essequibo.
En respuesta a la amenaza que representa la presencia de un buque de guerra del Reino Unido en la zona marítima por delimitar con Guyana, Venezuela da inicio a la primera fase del ejercicio militar de acción conjunta “Domingo Antonio Sifontes 2023”, en la fachada atlántica del… pic.twitter.com/3ZarpNTdEG
— Rocío San Miguel (@rociosanmiguel) December 28, 2023
Sur X (ex-Twitter), l’avocate Rocío San Miguel, qui suit les questions de défense au Venezuela, partage des images de la télévision publique où l’on voit des avions de chasse, des navires de guerre, des défenses antiaériennes et des soldats déployés dans plusieurs régions de l’est du Venezuela. «En réponse à la menace que représente la présence d’un navire de guerre britannique dans la zone maritime à délimiter avec la Guyane, le Venezuela lance la première phase de l’exercice d’action militaire conjointe Domingo Antonio Sifontes 2023 sur la côte atlantique du territoire», commente-t-elle. On voit dans la vidéo un général de l’armée vénézuélienne demander en direct au président Nicolás Maduro l’autorisation de lancer la série d’exercices militaires dans le Golfe de Paria, qui sépare le Venezuela de Trinidad-et-Tobago, et le Delta de l’Orénoque, frontalier du Guyana.
Des exercices militaires de l’armée de l’air américaine avaient eu lieu dans l’espace aérien du Guyana, début décembre, au lendemain du référendum voté à plus de 90% par les Vénézuéliens – et une probable abstention record – pour une annexion de l’Essequibo.
La tension était montée après le lancement en septembre d’appels d’offres pétroliers par le Guyana, puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l’Essequibo, territoire de 160 000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles, administré par Georgetown et revendiqué par le Venezuela. Quelque 125 000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans l’Essequibo, qui couvre les deux tiers de la superficie du pays.
Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l’époque de l’empire espagnol. Le Guyana argue que la frontière, datant de l’époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d’arbitrage à Paris.
Mise à jour : à 19 h 11, ajout de l’analyse d’une avocate vénézuélienne ; à 19 h 35 de plus d’éléments de contexte.