Les premières brèches dans la machine trumpiste ? Après que le New York Times a rapporté vendredi 7 mars une altercation entre le secrétaire d’Etat Marco Rubio et Elon Musk, lors d’une réunion de son cabinet, Donald Trump s’est empressé de démentir face à la presse : «Il n’y a pas eu d’affrontement. J’étais là.» Le multimilliardaire, chargé de faire fondre de manière drastique les effectifs de l’administration fédérale, et le secrétaire d’Etat «s’entendent merveilleusement bien», a assuré le président américain, tentant de peindre le tableau d’une équipe soudée.
Clash entre Musk et Rubio
Selon les informations du New York Times, pourtant, la grogne commencerait à monter en interne contre le patron de Tesla et SpaceX. C’est même pour ça que Trump aurait décidé de convoquer cette réunion à la hâte – aux Etats-Unis, au contraire de la France, le conseil des ministres se réunit rarement. Lors de la réunion en question, le chef de la mission extra-gouvernementale de réduction de la dépense publique appelée Doge (Department of government efficiency) aurait pris à partie le chef de la diplomatie, en l’accusant de n’avoir encore licencié «personne». Le ministre aurait mis en avant pour se défendre le départ volontaire de nombreux fonctionnaires de son administration, avant de demander de manière sarcastique, toujours selon le grand quotidien américain, si Elon Musk voulait qu’il les réembauche afin de pouvoir les licencier de manière plus spectaculaire.
A lire aussi
Selon le New York Times, qui a recoupé les témoignages de cinq personnes, Donald Trump a alors pris la défense du secrétaire d’Etat. Le journal rapporte aussi un échange tendu entre le ministre des transports Sean Duffy et Elon Musk, Le ministre aurait ainsi accusé l’homme le plus riche du monde de lui avoir demandé de renvoyer des contrôleurs aériens, ce à quoi il se serait opposé pour ne pas remettre en question la sécurité aérienne. Elon Musk, qui avait revêtu pour l’occasion un costume et une cravate, abandonnant ses habituels tee-shirts noir et casquettes, aurait assuré qu’il s’agissait d’un «mensonge». Donald Trump aurait mis fin à l’échange en demandant de recruter les contrôleurs aériens au sein du prestigieux Massachusetts Institute of Technology, l’un des établissements de recherche les plus pointus du monde, pour s’assurer qu’il s’agisse de «génies».
Manier le «scalpel» et non «la hache»
Après ce conseil des ministres, le président américain a fait savoir qu’il réunirait ainsi son gouvernement avec Elon Musk toutes les deux semaines, et a appelé à manier le «scalpel» et non «la hache» pour renvoyer des fonctionnaires fédéraux – une référence claire à Elon Musk, qui a fait de la tronçonneuse le symbole de son travail de sape. Dans un message sur Truth Social, il a écrit : «Il est très important que nous réduisions les effectifs jusqu’au niveau voulu, mais il est aussi important de garder les gens les meilleurs et les plus qualifiés.»
Rien que depuis le début de la semaine, les annonces et projets de coupes d’effectifs se sont succédé : entre 40 000 et 50 000 au fisc, plus de 70 000 au ministère des Anciens combattants, démantèlement rapporté par les médias américains du ministère de l’Education… Plusieurs médias américains ont fait état de frictions entre Elon Musk et des responsables du gouvernement, qui jugent ses méthodes trop brutales et s’irritent de le voir empiéter sur leurs compétences. Pour apaiser ses troupes, Trump aurait lors de la réunion accordé à ses chefs de cabinet le dernier mot sur les licenciements de personnels dans leurs administrations, donnant à Elon Musk et à son Doge un simple rôle de conseil. Pas sûr que le milliardaire avide de pouvoir apprécie.