A 10 heures, la place Alfredo Sadel est assez vide. Les ponctuels sont plutôt âgés, leur image lisse colle à Las Mercedes, un quartier d’affaires privilégié. Seuls quelques drapeaux flottent sur l’avenue qui se remplit doucement. «Du monde va arriver, promet Nazaret, 32 ans, une casquette grise posée sur ses longs cheveux châtains. On ne vous a jamais parlé du retard vénézuélien ?» Comment l’oublier ? Ici, jamais une manifestation ne commence dans les temps, jamais un rendez-vous n’est honoré sans une bonne heure de retard. Sans que personne ne s’en offusque. Mais la question de l’affluence se pose tout de même : une semaine après la réélection contestée de Nicolás Maduro et la répression brutale des manifestations qui ont suivi, la peur menace de dégarnir les rangs de l’opposition, qui revendique la victoire.
Reportage
Nazaret en a fait une pancarte : «Ce dont j’ai peur, c’est de laisser s’installer une dictature.» Elle a tout de même laissé chez elle ses habits blancs, symboles de sa lutte contre le chavisme. «Si ça dérape, je ne veux pas être une cible.» M