Un nouveau revers judiciaire pour Donald Trump. Le déploiement de la Garde nationale ordonné par le président des Etats-Unis pour faire face aux manifestations à Los Angeles était illégal, a considéré ce jeudi 12 juin dans la soirée un juge fédéral. Charles Breyer a affirmé que le président n’avait pas «suivi la procédure requise par le Congrès pour ses actes». Il a par ailleurs exigé que le contrôle de ce corps de réserve à double tutelle soit rendu au gouverneur de Californie, le démocrate Gavin Newsom, qui avait attaqué ce déploiement en justice en dénonçant un virage autoritaire.
«Ce n’est pas un monarque, ce n’est pas un roi, et il devrait cesser d’agir comme tel», a réagi lors d’une conférence de presse Gavin Newsom après la décision du magistrat. Le ministère américain de la Justice a immédiatement interjeté appel, arguant que cette décision constituait «une ingérence extraordinaire dans les pouvoirs constitutionnels du Président en tant que commandant en chef».
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Le juge Breyer a suspendu l’application de celle-ci jusqu’à vendredi, mais la cour d’appel fédérale a ensuite reporté cette échéance à mardi, le temps qu’elle puisse examiner l’appel du ministère de la Justice. Avec ce sursis, Trump aura encore le contrôle de la Garde nationale ce week-end en Californie, où sont attendues des manifestations.
Couvre-feu
Le président de 78 ans avait décidé le week-end dernier de prendre le contrôle fédéral de la Garde nationale de Californie et avait déployé 4 000 de ses membres dans les rues de Los Angeles, théâtre depuis près d’une semaine de manifestations contre l’interpellation musclée d’étrangers en situation irrégulière. Il avait également décidé d’envoyer 700 militaires d’active du corps des marines, une mesure extrêmement rare dans l’histoire des Etats-Unis.
Les manifestations dans la deuxième plus grande ville des Etats-Unis ont été émaillées par moments de certaines violences et dégradations. Mais dans sa décision de 36 pages, le juge Breyer a affirmé que la violence constatée était «bien loin» de la «rébellion» décrite par Donald Trump pour justifier le déploiement de militaires.
Donald Trump a attribué jeudi le relatif retour au calme à Los Angeles depuis deux jours à sa réponse musclée, mais le couvre-feu décrété par la maire démocrate de la ville a aussi pu y contribuer. «Gavin Newsom avait totalement perdu le contrôle de la situation. Il devrait me dire merci de lui avoir sauvé les fesses, au lieu d’essayer de justifier ses erreurs et son incompétence», avait asséné le Président avant la décision de justice. Figure centrale de l’opposition démocrate, le gouverneur de Californie, âgé de 57 ans, est considéré comme un possible candidat démocrate à la présidentielle de 2028.
Donald Trump avait promis pendant sa campagne de s’en prendre aux «criminels venus de l’étranger». Mais ses efforts pour lutter contre l’immigration clandestine ont largement dépassé ce cadre et visé en particulier les immigrés latino-américains, indispensables à certains secteurs d’activité. Sur le plan économique, il a admis devoir «faire quelque chose» rapidement pour préserver les nombreux travailleurs immigrés de l’agriculture et de l’hôtellerie.