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Libération
Trump condamné

Mener une campagne présidentielle depuis une prison ? Du déjà-vu aux Etats-Unis

Alors que Trump vient d’être condamné au pénal, retour historique sur deux candidats américains à la présidentielle qui ont un jour mené campagne depuis une cellule de prison.
Eugene V. Debs prononce un discours contre la guerre le 16 juin 1918 à Canton, aux Etats-Unis. (Bettmann Archive. Getty)
publié le 31 mai 2024 à 16h56

Dans la nuit de jeudi à vendredi Donald Trump est devenu le premier ancien président américain à être condamné au pénal. Le 11 juillet, le juge du tribunal new-yorkais, Juan M. Merchan, annoncera sa peine, qui peut grimper jusqu’à quatre ans de prison. Et si les probabilités de voir Donald Trump derrière les barreaux dans les prochains mois sont assez faibles, elles existent tout de même.

Pourtant, si d’aventure le futur candidat républicain était amené à faire campagne depuis la prison, il ne serait pas le premier à le faire aux Etats-Unis. Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela s’est déjà produit deux fois dans l’histoire de la jeune nation : avec le socialiste Eugene Victor Debs dans les années 20 et avec le complotiste Lyndon LaRouche au début des années 2000.

Eugene V. Debs rassemble près d’un million de voix en 1920

Leader socialiste influent et fervent défenseur des droits des travailleurs, Eugene V. Debs (1855-1926) s’est présenté à la présidence des Etats-Unis à cinq reprises, en tant que candidat du Parti socialiste. En 1918, il prononce un discours à Canton, dans l’Ohio, critiquant l’engagement des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale et dénonçant la conscription militaire. Ses propos lui valent d’être accusé de sédition et de violation de la loi sur l’espionnage (Espionage Act) de 1917. Il est arrêté, jugé et condamné à dix ans de prison.

Malgré son incarcération à Atlanta, Debs ne renonce pas à sa lutte politique. En 1920, il décide de se présenter pour la cinquième et dernière fois à l’élection présidentielle, menant sa campagne depuis sa cellule. Sa candidature depuis la prison devient un symbole de résistance et de critique du système politique et judiciaire américain. Debs réussit à mobiliser un nombre significatif d’électeurs et obtient près d’un million de voix, représentant environ 3,4 % des votes. Quelques mois après cette performance, Debs et gracié et libéré par le président conservateur Warren G. Harding, contre qui il s’était présenté.

Lyndon LaRouche, un complotiste américain à 0,2 %

A des lieux des idées de Debs, Lyndon LaRouche, mort en 2019, était connu pour ses théories conspirationnistes, ses campagnes présidentielles répétées et la création plusieurs mouvements politiques. En 1988, LaRouche est reconnu coupable de conspiration et de fraude postale et écope de quinze ans de prison, mais cela ne l’empêche pas de poursuivre ses ambitions politiques.

En 1992, LaRouche mène une campagne présidentielle depuis sa prison du Minnesota en tant que candidat indépendant. Mais contrairement à Eugene Debs, cette candidature est un fiasco : LaRouche ne recueille que 26 334 voix, soit 0,2 % du total.