Encourra-t-il ou non la peine de mort ? Luigi Mangione, actuellement détenu dans une prison fédérale de Brooklyn, sera de retour dans un tribunal ce vendredi 18 avril, après son inculpation jeudi par un grand jury du tribunal fédéral de Manhattan, une étape qui permet désormais aux procureurs de requérir la peine capitale.
Accusé d’avoir assassiné en décembre à New York le patron de la compagnie privée d’assurance santé UnitedHealth, Brian Thompson, le jeune homme de 26 ans faisait déjà face à des accusations de meurtre et de possession d’armes au niveau de l’Etat de New York, où la peine de mort n’est pas en vigueur. L’acte d’accusation fédéral n’introduit pas de nouvelles charges, mais il augmente donc d’un cran les enjeux pour Mangione, qui a plaidé non coupable à l’échelle de l’Etat des chefs d’accusation de meurtre en tant qu’acte «terroriste». Cet acte d’accusation signifie que le grand jury a estimé qu’il existait des éléments nécessaires pour inculper Mangione pour «meurtre», «harcèlement» et «infractions à la réglementation sur les armes à feu».
Prise de parole publique de la ministre de la Justice
En amont de cette audience, Mangione et ses avocats ont demandé à un juge d’interdire aux procureurs fédéraux de requérir la peine de mort. Dans un document déposé au dossier la semaine dernière, ses avocats affirmaient que la prise de parole publique de la ministre de la Justice Pam Bondi, l’accusant d’avoir perpétré «un acte de violence politique» qui «a choqué l’Amérique» et demandant ouvertement aux procureurs de requérir la peine capitale, était «résolument politique» et enfreignait les protocoles gouvernementaux en matière de peine de mort. Si cette requête échoue et que Luigi Mangione est reconnu coupable dans le cadre de l’affaire fédérale, le jury devra alors, lors d’une phase distincte du procès, décider à l’unanimité s’il recommande la peine de mort. Auquel cas le juge serait obligé de l’appliquer.
Chasse à l’homme de cinq jours
Brian Thompson a été abattu le 4 décembre devant un hôtel de Midtown Manhattan, où l’entreprise tenait une conférence à destination de ses investisseurs. Ce meurtre en pleine rue, suivi d’une chasse à l’homme de cinq jours, a captivé les Etats-Unis. Si la plupart des responsables publics ont condamné cet acte, nombreux sont les Américains ont exprimé leur soutien à Mangione, affirmant qu’il avait attiré l’attention sur le coût exorbitant des soins de santé aux Etats-Unis et sur la surpuissance des assureurs, qui peuvent refuser de rembourser certains traitements. Le jeune homme, ingénieur diplômé d’une grande université et fils de bonne famille, était également devenu une star des réseaux sociaux, à la fois pour son acte radical et sa belle gueule.