«Sincèrement, je ne me souviens pas…» Un peu gênée au bout du fil, Sandra marque une pause quand on lui demande la dernière fois qu’elle a eu une vraie conversation avec un supporter de Donald Trump. Cadre dans la communication en Pennsylvanie après avoir longtemps vécu à New York, cette démocrate de 43 ans le reconnaît sans fard : elle évolue au quotidien dans une homogénéité politique artificielle. «Une bulle progressiste et bienveillante» qui la «protège»… autant qu’elle l’isole d’environ la moitié de ses concitoyens.
«Mon dernier face-à-face avec un trumpiste, c’était en marge d’une manif pro-avortement au début de l’été. Mais on s’est contentés de se hurler dessus», rigole-t-elle. Le sujet, pourtant, est on ne peut plus sérieux. Et fragilise les fondations des Etats-Unis, cette république fédérale et cosmopolite qui, depuis près de 250 ans, frappe ses pièces de monnaie et son sceau officiel de la devise latine «E Pluribus Unum». «De plusieurs, un.»
Divided States of America (1/7)
Car démocrates et républicains se parlent de moins en moins. Ils ne vivent pas dans les mêmes quartiers, ne fréquentent pas les mêmes écoles, églises ou magasins, ne lisent pas les mêmes journaux et ne regardent assurément pas les mêmes chaînes de télévision. Dans les entreprises où ils se côtoie