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Libération
Etats-Unis

Mike Pence, ancien vice-président de Trump, annonce qu’il ne soutiendra pas le milliardaire pour un second mandat

Le républicain de 64 ans a fait savoir qu’«en conscience», il ne pouvait soutenir le milliardaire, candidat à la présidentielle américaine de novembre, de quoi interroger la capacité de ce dernier à rassembler au-delà de ses fidèles.
Donald Trump et son vice-président, Mike Pence, le 16 mars 2020 à la Maison Blanche, à Washington. (Jim Watson/AFP)
publié le 16 mars 2024 à 9h12

Un soutien de poids qui va cruellement faire défaut. L’ancien vice-président américain de Donald Trump, Mike Pence, a annoncé vendredi 16 mars qu’il ne soutiendrait pas me milliardaire à l’élection de novembre, en lice pour un second mandat. De quoi susciter de nouvelles interrogations sur la capacité du républicain à rallier sa famille politique. Donald Trump, qui ne perd pas la moindre occasion de critiquer son ancien vice-président, n’a pas réagi dans l’immédiat.

«Cela ne va pas vous surprendre, je ne vais pas soutenir Donald Trump cette année», a ainsi lâché Mike Pence, 64 ans, lors d’une interview à Fox News. Avec cette annonce, le républicain a pourtant bien créé la surprise et rompu avec une tradition historique. Et d’enfoncer le clou : «Je ne peux pas, en conscience, soutenir Donald Trump dans cette campagne.» Pence a accusé son ancien patron de proposer «un programme qui est en contradiction avec le projet conservateur […] mis en place durant quatre ans».

Loyauté indéfectible

Chrétien évangélique, farouche opposant à l’avortement, Mike Pence avait aidé Donald Trump à conquérir la droite religieuse en étant son colistier lors de la campagne présidentielle de 2016. Mais après des années de loyauté indéfectible, il a changé de ligne après l’assaut contre le Capitole, qui a ébranlé la démocratie américaine le 6 janvier 2021.

Ce jour-là, Mike Pence dirigeait, en tant que vice-président, la séance au Congrès, lors de laquelle les élus devaient certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle de 2020. Bien qu’il n’ait eu qu’un rôle protocolaire, Donald Trump avait insisté pour que son vice-président refuse de valider l’élection du démocrate. L’ancien gouverneur de l’Indiana n’avait pas obtempéré, ce qui lui a valu une forte inimitié chez les partisans du milliardaire. Entrés par la force dans le Capitole, certains avaient même appelé à «pendre» Mike Pence, qui avait dû se cacher à la hâte.

Depuis, il a jugé que les mots du président américain avaient été «irresponsables» et l’avaient «mis en danger». En juin 2023, Mike Pence s’était présenté contre lui lors des primaires républicaines. Mais il avait dû jeter l’éponge avant même les premiers scrutins, faute de soutien.

Les voix modérées indispensables à une victoire

L’annonce de Mike Pence a provoqué une onde de choc au sein du parti, alimentant les spéculations sur la capacité de l’ex-homme d’affaires à séduire les républicains au-delà de sa base de partisans très fidèles. Quelques jours avant cette déclaration, Nikki Haley, qui était la dernière rivale de Donald Trump aux primaires, avait déjà refusé de soutenir la candidature du républicain face à Joe Biden. En jetant l’éponge, le 6 mars, l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU sous Trump avait estimé que le tempétueux septuagénaire devrait «mériter les voix» qu’elle a obtenues lors de la primaire, celle d’un électorat plus modéré.

Donald Trump a certes enchaîné les victoires dans la course à l’investiture républicaine, mais ses succès dans les urnes ont aussi révélé des vulnérabilités chez l’ancien président qui pourraient compliquer sa reconquête de la Maison Blanche.

Cerné par les enquêtes, Donald Trump pourrait notamment voir son soutien s’éroder chez les républicains modérés et les indépendants – des voix indispensables s’il veut l’emporter face au président démocrate Joe Biden en novembre.