Au moment où des milliers de soldats interviennent dans les rues de Los Angeles, de l’autre côté des Etats-Unis, Washington va être le théâtre d’une rare parade militaire dans la nuit de samedi 14 à dimanche 15 juin. Le défilé est censé commémorer les 250 ans de l’armée de terre américaine, mais tombe aussi le jour de l’anniversaire de Donald Trump.
La capitale étasunienne se met sur pause pour l’occasion et des centaines de milliers de spectateurs sont attendus, alors que les contestations montent contre la politique du président républicain. Libé fait le point sur cet événement qui pourrait cristalliser les tensions outre-Atlantique.
Que prévoit cet événement ?
A Washington, sous la vigie de son obélisque, c’est le long de monuments emblématiques, du Lincoln Memorial à la Maison Blanche, que défileront à partir de 18 h 30 (00 h 30 à Paris) près de 7 000 soldats, certains à cheval, beaucoup en uniformes de différentes guerres, et quelque 150 véhicules militaires, survolés par une cinquantaine d’avions. Des parachutistes doivent, eux, remettre un drapeau américain à Donald Trump, le commandant en chef de l’armée américaine.
Le ciel, annoncé orageux, risque toutefois de venir jouer les trouble-fêtes. Sans écarter de potentiels changements en cas de violentes intempéries, «une célébration historique de nos militaires aura lieu en tout cas», assure la Maison Blanche.
Cela faisait plus de trente ans que la capitale des Etats-Unis n’avait pas accueilli un défilé militaire d’envergure. Le dernier remonte à 1991, à la fin de la guerre du Golfe. A l’époque, 8 000 soldats ayant participé à l’opération «Tempête du désert» - les opérations militaires contre l’Irak entre janvier et février 1991 - avaient marché dans les rues de la capitale américaine. Environ 200 000 spectateurs s’étaient massés pour les voir.
Pourquoi un tel défilé maintenant ?
C’est le défilé parisien du 14 juillet sur les Champs-Elysées, auquel il avait assisté en 2017, qui a inspiré Donald Trump. «C’était de la puissance militaire et une chose formidable, je pense, pour la France», estimait alors le magnat. «Nous allons devoir essayer de faire mieux.» Son projet ne s’était toutefois pas concrétisé lors de son premier mandat, notamment en raison des coûts exorbitants en jeu. Celui de samedi est estimé à 45 millions de dollars maximum (soit 39 millions d’euros) par l’armée américaine. «Des clopinettes par rapport à la valeur» d’un tel événement, lâchait le président milliardaire sur la chaîne NBC en mai.
Pas gêné par les interrogations sur la concomitance de cette parade avec son anniversaire, le 14 juin, Donald Trump se délecte d’avance de cette démonstration de force et de faste comme il les aime. «On va crâner un petit peu», jubilait-il mardi, alors qu’il déblatérait déjà il y a quelques semaines sur le sujet : «On a les meilleurs missiles du monde. Les meilleurs sous-marins du monde. Les meilleurs chars du monde. Le meilleur armement du monde. Et on va le célébrer.»
Et les manifestations dans le reste du pays ?
En parallèle, va se tenir la mobilisation nationale «No Kings» contre «l’autoritarisme» et «la militarisation de la démocratie» américaine, qui ambitionne d’être la plus importante depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Près de 2 000 rassemblements sont identifiés à travers tous les Etats-Unis, de Los Angeles à New York, en passant par Chicago.
«S’il y a des manifestations, il y sera répondu avec une très grande force», a mis en garde Donald Trump mardi, avant d’être nuancé par la Maison Blanche : «Le président est bien sûr favorable aux manifestations pacifiques.»
Reportage
Le président républicain a déployé à Los Angeles, sans concertation avec les autorités locales, près de 5 000 militaires, réservistes de la Garde nationale et même Marines. Sa manière de répondre aux manifestations contre les arrestations brutales d’immigrés qui ont éclaté ces derniers jours dans la deuxième plus grande ville des Etats-Unis, un mouvement ponctué de heurts sporadiques, parfois violents. La Californie a attaqué en justice ce déploiement.
En première ligne de ceux qui s’insurgent contre cet envoi extrêmement rare de soldats, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, y voit «le fantasme fou d’un président dictatorial». A Washington ce samedi, «il va forcer nos héros à participer à un spectacle vulgaire pour célébrer son anniversaire, comme d’autres dictateurs déchus l’ont fait par le passé».