Plus que quelques heures avant les résultats. Le nouveau maire de New York sera élu ce mardi 4 novembre. Au terme d’une campagne explosive de cinq mois, les urnes sont scrutées de très près – et ce, bien au-delà des frontières de la mégalopole de 8,5 millions d’habitants. Car bien souvent, New York donne le ton. La ville de tous les superlatifs est un exemple politique, culturel et financier pour tout le pays. Quels sont les enjeux de ce scrutin ? Quand auront lieu les résultats ? Qui sont les favoris ? Que disent les sondages ? Libération fait le point.
Un vote anticipé
Le vote anticipé s’est terminé dimanche 2 novembre. Les bureaux électoraux étaient fermés le lendemain, mais rouvriront ce mardi 4 novembre de 6 heures (midi à Paris) à 21 heures (3 heures dans la nuit de mardi à mercredi à Paris). Les sondages sortis des urnes, si l’écart entre les candidats est clair, permettront de savoir relativement rapidement qui deviendra le 111e maire de la plus grande ville des Etats-Unis. Ce dernier prendra ses fonctions le 1er janvier. Il succédera au démocrate Eric Adams, en poste depuis le 1er janvier 2022.
Avec plus de 735 000 bulletins déjà déposés, il s’agit du taux de participation anticipé à des élections le plus élevé jamais enregistré pour une élection non présidentielle à New York, constate le New York Times, soit un taux plus de quatre fois supérieur à celui des dernières élections municipales de 2021. Un record qui s’érige en témoignage de l’importance de ce scrutin, sachant que le chiffre ne tient pas compte du vote postal.
Parmi les électeurs, on observe les signes d’une mobilisation accrue des jeunes électeurs : un élément clé de la base électorale du candidat démocrate Zohran Mamdani, le grand favori de cette élection.
Les enjeux du scrutin
«L’élection municipale de ce mardi, qui s’annonce explosive, semble sur le point de remanier et de reconstituer les structures de pouvoir établies de longue date», résume le New York Times dans un long éditorial qui donne le ton de municipales qui ne sauraient être relayées au second plan.
Et les enjeux sont nombreux. La campagne a tourné autour de trois axes principaux. Dans une ville où le loyer moyen dépasse les 4 000 dollars, et où un tiers des habitants sont confrontés à l’insécurité alimentaire, le coût de la vie s’est imposé en préoccupation majeure de cette campagne. La criminalité et la politique menée par le président républicain Donald Trump, qui menace de couper les fonds à la ville et a envoyé l’armée dans de nombreux autres bastions démocrates, ont également animé les débats.
Quels favoris ?
Les sondages semblent unanimes. Zohran Mamdani, jeune élu démocrate tendance socialiste, député de l’Etat de New York, caracolait en tête des intentions de vote après avoir largement dominé la campagne. Face à lui, l’ex-gouverneur démocrate Andrew Cuomo, désormais indépendant et en quête de réhabilitation, tente de se frayer un chemin dans les urnes, avec le soutien du maire sortant. Le troisième homme de cette élection est le républicain Curtis Sliwa, figure emblématique de la politique new-yorkaise depuis la création de la milice non armée des Guardian Angels.
Un temps accusé de corruption avant l’annonce de l’abandon des poursuites en février, Eric Adams a renoncé à briguer un second mandat fin septembre, démotivé par des sondages désastreux qui le donnaient sous les 10 %.
Dernière ligne droite
Ces deux dernières semaines, les candidats et leurs alliés ont déployé tous les moyens pour inciter leurs partisans à voter, dans un sprint final. Zohran Mamdani a traversé lundi matin le pont de Brooklyn à pied, au lever du soleil, pour se rendre à l’hôtel de ville, où il a mentionné la perspective de tourner la page sur le mandat d’Eric Adams, rapporte le New York Times. Andrew Cuomo a entamé une tournée de mobilisation des électeurs dans les cinq arrondissements de Manhattan, et a reçu le soutien présidentiel de Donald Trump lors d’une interview accordée à l’émission 60 minutes de CBS, dimanche soir.
Et comme souvent, les derniers jours de campagne ont été marqués par des polémiques. Samedi, Andrew Cuomo s’est défendu des accusations d’islamophobie sur la religion de son principal rival, qui est musulman.
Un scrutin aux lourdes conséquences
New York, ville lumière, ville de tous les paradoxes, capitale capitaliste du monde… les périphrases sont nombreuses pour qualifier l’influence de cette ville. Si le résultat de l’élection va déterminer qui dirigera, et défendra, la plus grande ville des Etats-Unis, il pourrait avoir des conséquences majeures sur les résultats du Parti démocrate – qui peine à répondre aux dérives autoritaires de Donald Trump – lors des élections de mi-mandat de l’année prochaine.
Le quotidien britannique The Guardian fait le point sur les différentes possibilités. Si Mamdani remporte les élections, «les dirigeants du parti qui ont refusé de soutenir sa campagne seront contraints de composer avec un message qui a su toucher la colère des Américains face aux inégalités, à l’inflation galopante et au système en place». En revanche, si Cuomo parvenait à réaliser un retournement de situation, «cela pourrait consolider le modèle actuel des démocrates au niveau national».