Depuis sa lourde défaite en novembre, Kamala Harris avait disparu des radars. L’ancienne présidente, candidate malheureuse à l’élection présidentielle américaine en 2024, avait ces derniers mois limité ses sorties publiques et plus encore ses prises de parole. Mercredi 30 avril, l’ancienne vice-présidente a rompu le silence à San Francisco lors du congrès annuel d’Emerge America, une organisation qui veut pousser les femmes démocrates à faire de la politique et à se présenter à des scrutins.
Durant une quinzaine de minutes, l’ancienne procureure de Californie a attaqué sans surprise Donald Trump, dont elle a dénoncé l’exercice «égoïste» du pouvoir. Au-delà de ses multiples louvoiements sur les droits de douane, le républicain déroule un «programme qui a été élaboré pendant des décennies» par les conservateurs, a-t-elle martelé. Ce programme vise «à réduire l’éducation publique, […] à réduire la taille du gouvernement, puis à privatiser ses services. Tout cela en accordant des allègements fiscaux aux plus riches».
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Kamala Harris a également a dénoncé une «vision étriquée de l’Amérique, où l’on punit ceux qui disent la vérité, où l’on favorise les fidèles, où l’on tire profit de son pouvoir et où l’on laisse les autres se débrouiller seuls». La démocrate, qui hésite selon la presse américaine entre une nouvelle candidature à la Maison Blanche en 2028 ou tenter de se faire élire gouverneure de Californie en 2026, a appelé les Américains à ne pas se laisser «berner» par le «chaos» apparent du début de mandat du milliardaire républicain.
Le risque d’une «crise constitutionnelle»
Les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump ont été marqués par plus de 140 décrets présidentiels – dont beaucoup ont été bloqués en justice. Le septuagénaire a notamment attaqué ses adversaires politiques, largement médiatisé ses expulsions d’immigrés en situation irrégulière et a essayé de démanteler les effectifs de l’administration fédérale, avec l’aide de son allié milliardaire Elon Musk.
La base fervente de Donald Trump a toujours une foi quasi-religieuse en lui, mais de nombreux Américains semblent déboussolés par l’ampleur des changements en cours, selon les sondages. Les droits de douane imposés par le président et la guerre commerciale qu’il a déclenchée avec la Chine cristallisent les doutes. Ils font craindre une reprise de l’inflation, que beaucoup d’électeurs espéraient voir baisser avec son retour au pouvoir. Le bras de fer judiciaire avec les tribunaux sur les questions d’immigration et la pression mise sur les universités du pays inquiètent également.
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Pour Kamala Harris, les tentatives de Donald Trump pour maximiser l’autorité du président font courir aux Etats-Unis le risque d’une «crise constitutionnelle» : «Si cela se produit, […] le seul pouvoir qui ne doit pas faillir, c’est la voix du peuple. […] Le président Trump, son administration et leurs alliés misent sur l’idée que la peur peut être contagieuse.» Mais «la peur n’est pas la seule chose qui est contagieuse. Le courage est contagieux», a-t-elle lancé, en saluant celui des juges, des universitaires et des citoyens ordinaires qui s’opposent au gouvernement.