Donald Trump veut repartir à zéro avec Pékin et l’optimisme de son secrétaire au Trésor, Scott Bessent, devrait le ravir. A l’issue ce dimanche 11 mai de deux jours de tractations avec la Chine à Genève, destinées à faire baisser la tension entre les deux premières économies mondiales, ce dernier a fait état de «progrès substantiels» avec Pékin. Les divergences commerciales entre les deux pays «ne sont pas aussi grandes que l’on pouvait l’imaginer», a ajouté Jamieson Greer, le représentant américain au Commerce, devant les journalistes en Suisse. Les deux hommes n’ont répondu à aucune question et Bessent a précisé que les détails du plan en discussion seraient présentés ce lundi.

Après s‘être tout seul lancé dans une surenchère de surtaxe des droits de douane – allant jusqu’à 145 % de taxes – contre les centaines de milliards de dollars de produits chinois importés aux Etats-Unis, le président américain avait salué dès samedi soir «une remise à zéro a été négociée de manière amicale mais constructive» sur son réseau Truth Social, ajoutant en capitales et à grand renfort de points d‘exclamation : «DE GRANDS PROGRES ONT ETE ACCOMPLIS !!!»

Ce dimanche, le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, un fidèle du Président, a également voulu rassurer dans une interview à CNN : «Nous sommes optimistes sur le fait que les choses vont bien se passer.» «C’est vraiment important pour les Etats-Unis. C’est important pour la Chine», a-t-il souligné, assurant que la délégation américaine «travaillait dur» pour parvenir à un accord, sans fournir davantage de détails sur le contenu des discussions.

Côté chinois, rien n’a filtré, si ce n’est une ligne de l’agence de presse Chine nouvelle qui avait qualifié les discussions sur les bords du Lac Léman d’«étape importante dans la promotion de la résolution du contentieux».

Les deux délégations de très haut niveau sont menées, côté américain, par le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, et le représentant au Commerce, Jamieson Greer, tandis que la Chine a dépêché le vice-Premier ministre chinois, He Lifeng.

Les tractations se tiennent à huis clos dans la résidence du représentant suisse auprès des Nations unies, une villa cossue nichée sur la rive gauche du Léman. Les pourparlers, qui avaient duré une dizaine d‘heures samedi, ont repris peu après 10 heures heure française ce dimanche et doivent se terminer en fin de journée.

«Ces négociations reflètent le fait que l’état actuel des relations commerciales, avec ces droits de douane prohibitifs, n’est finalement dans l’intérêt ni des Etats-Unis, ni de la Chine», souligne Nathan Sheets, économiste en chef chez Citigroup.

Genève accueille la première rencontre en face-à-face de hauts responsables des deux plus grandes économies mondiales depuis leur folle escalade dans la guerre commerciale. Jusqu’ici, les échanges bilatéraux étaient pratiquement à l’arrêt et les marchés ont connu de violents soubresauts.

Vendredi, Donald Trump avait fait un geste en suggérant d‘abaisser à 80 % les droits de douane qu’il a lui-même imposés à Pékin. Sa porte-parole Karoline Leavitt s‘est tout de même empressée de préciser que Washington n’abaisserait pas ses taxes unilatéralement et que la Chine devait également faire des concessions.

Le simple fait que ces discussions ont lieu «est une bonne nouvelle pour le commerce et les marchés financiers», estime Gary Hufbauer, du Peterson Institute for International Economics (PIIE). Cependant, cet expert se montre «très sceptique sur un retour à une situation normale dans les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis».

«Des droits de douane de 145 % sont absolument prohibitifs», poursuit-il, ajoutant que même abaissés à 70 % ou 80 % comme il en est question, le niveau des transactions entre les deux pays serait divisé par deux.

Le vice-Premier ministre chinois est arrivé à Genève avec semble-t-il un atout : Pékin a annoncé vendredi un bond de 8,1 % de ses exportations en avril, un chiffre quatre fois supérieur aux prévisions des analystes. Mais les exportations vers les Etats-Unis ont chuté de près de 18 %.