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Libération
Grand déplacement

New York se débarrasse de la statue de Thomas Jefferson et de son passé esclavagiste

La métropole américaine a décidé de sortir de la salle de son conseil municipal la statue du troisième président des Etats-Unis, qui «représente certaines des pages les plus honteuses de la longue et nuancée histoire» du pays. L’œuvre sera transférée dans un musée.
La statue de Thomas Jefferson devrait désormais rejoindre une salle de la société historique de la ville de New York. (Richard Drew/AP)
publié le 19 octobre 2021 à 10h55

Les figures de l’esclavagisme continuent de tomber aux Etats-Unis. Plus d’une semaine après le déboulonnement de la gigantesque statue équestre du général confédéré Robert E. Lee dans la ville de Richmond, New York s’apprête à retirer celle du troisième président américain, Thomas Jefferson.

600 esclaves dans sa plantation

La municipalité a approuvé ce lundi le retrait de la statue de l’un des auteurs de la Déclaration d’indépendance du pays, qui préside depuis plus d’un siècle la salle de son conseil, en raison de son passé esclavagiste. Une commission du conseil municipal a adopté à l’unanimité le principe du retrait de Jefferson, qui détenait dans sa plantation de Virginie plus de 600 esclaves. Il a eu six enfants d’une de ces esclaves.

«Jefferson représente certaines des pages les plus honteuses de la longue et nuancée histoire de notre pays», a expliqué la conseillère municipale new-yorkaise afro-américaine Adrienne Adams. «Cela me met profondément mal à l’aise de savoir que nous nous asseyons en présence d’une statue qui rend hommage à un esclavagiste, qui croyait fondamentalement que les personnes qui me ressemblaient ne méritaient pas les mêmes libertés et droits qu’il décrivait dans la Déclaration de l’indépendance», a-t-elle écrit ce lundi sur Twitter.

Débat relancé par Black Lives Matter

Le retrait de la statue était demandé depuis plusieurs années par plusieurs conseillers municipaux. Elle devrait désormais rejoindre une salle de la société historique de la ville de New York. Le débat sur la présence de cette statue dans la salle du conseil de la mairie de New York avait été relancé avec le mouvement Black Lives Matter, né du décès de l’afro-américain George Floyd, asphyxié sous le genou d’un policier blanc en mai 2020 à Minneapolis.

Cette remise en question des monuments célébrant des figures controversées de l’histoire ne concerne pas que les Etats-Unis. En juin 2020, la statue du marchand d’esclaves Robert Milligan a été retirée de son piédestal à Londres, tandis qu’en Belgique celles de l’ancien roi des Belges Léopold II, qui s’était personnellement investi dans la colonisation brutale du Congo qui a causé des millions de morts, sont régulièrement vandalisées.