«Je ne vais pas me justifier, nous avons assassiné des innocents.» Dans un silence glacial, près de deux décennies après les faits, Nestor Guillermo Gutierrez passe aux aveux. Oui, cet ancien sous-officier de la 15e Brigade mobile a bien participé au scandale des «faux positifs», l’un des pires crimes d’Etat commis pendant le long conflit armé qui a ensanglanté la Colombie. Entre 2002 et 2008, des militaires ont froidement assassiné au moins 6 402 civils en les faisant passer pour des guérilleros tués au combat, afin de gonfler les statistiques, sous la pression du gouvernement de Alvaro Uribe (2002-2010) qui réclamait des résultats dans sa guerre contre la guérilla, notamment celle des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
Avec neuf autres militaires, dont un général et quatre colonels, Nestor Gutierrez comparaissait volontairement, mardi 25 et mercredi 26, lors d’une audience publique de la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) organisée à Ocaña, petite ville de la région du Norte de Santander. Une audience historique pour la nation sud-américaine, car censée permettre de lever le voile sur l’une des pages