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Come-back

Nucléaire : un réacteur de Three Mile Island en Pennsylvanie réactivé, 45 ans après un accident radiologique

Mise hors service en 2019, une unité de la centrale américaine, où avait eu lieu en 1979 le plus grave accident nucléaire de l’histoire des Etats-Unis, va être relancée pour fournir en électricité le géant de l’informatique Microsoft.
Le site, qui pourrait créer 3 400 emplois directs et indirects, devrait être de nouveau opérationnel en 2028. (Jeff Fusco/AFP)
publié le 20 septembre 2024 à 17h31

Les Etats-Unis renouent avec le nucléaire. Le groupe d’énergie américain Constellation a annoncé, ce vendredi 20 septembre, la relance d’une unité nucléaire à Three Mile Island (TMI) en Pennsylvanie, où avait eu lieu le plus grave accident nucléaire de l’histoire des Etats-Unis en 1979. Objectif : fournir en électricité des centres de données de Microsoft. Selon un communiqué, l’accord signé avec le géant informatique américain porte sur 20 ans et permettra de relancer l’unité 1, voisine de celle qui avait été le théâtre de l’accident il y a 45 ans.

Restaurer la centrale

L’unité 1 était à l’arrêt depuis 2019. Avant sa mise hors service pour des raisons économiques, celle-ci était d’une capacité de production de 837 mégawatts, suffisante pour alimenter plus de 800 000 foyers, rappelle le communiqué de Constellation, qui l’avait rachetée en 1999. «Alimenter les industries essentielles à la compétitivité économique et technologique mondiale de notre pays, y compris les centres de données, nécessite une abondance d’énergie sans carbone et fiable à chaque heure de la journée, et les centrales nucléaires sont les seules sources d’énergie qui peuvent constamment tenir cette promesse», a fait valoir le PDG de Constellation, Joe Dominguez. Des investissements importants vont être réalisés pour restaurer la centrale, notamment la turbine, le générateur et les systèmes de refroidissement.

D’autant qu’elle possède un lourd passé. En 2009, une contamination radioactive mineure se produit sur le site de TMI, touchant un petit groupe d’employés. Mais c’est la date du 28 mars 1979 qui reste dans les mémoires. Après une succession de pannes et de mauvaises manipulations d’origine humaine, le cœur du réacteur de l’unité 2 fond, en raison d’un déficit de refroidissement. Aucun rejet radioactif majeur n’aurait été constaté, mais l’événement a tout de même été classé 5 sur l’échelle des risques nucléaires, qui en compte 7. Et même si l’incident n’a causé ni morts, ni blessés, il a refroidi l’enthousiasme du gouvernement américain à l’égard du nucléaire. Depuis Three Mile Island, plus aucune centrale civile n’a été construite aux Etats-Unis.

Consommation électrique colossale

Le redémarrage du réacteur nucléaire de l’unité 1 ne se fera pas en une journée. Il nécessite au préalable l’approbation de la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis, après un examen complet de la sécurité et de l’environnement. Le site, qui pourrait créer 3 400 emplois directs et indirects, devrait être de nouveau opérationnel en 2028. «Cet accord constitue une étape majeure dans les efforts de Microsoft pour aider à décarboner le réseau», s’est félicité Bobby Hollis, responsable de l’énergie pour le géant américain, cité dans le communiqué.

Le développement de l’intelligence artificielle nécessite d’énormes capacités de calcul, assurées par des légions de serveurs informatiques, logés dans des centres de données, appelés data centers. La consommation électrique de ces serveurs est colossale et menace de saturer le réseau électrique américain si ses capacités ne sont pas étendues grâce à l’addition de nouvelles ressources. Mercredi, Microsoft a annoncé en ce sens s’associer avec le gestionnaire d’actifs BlackRock et des fonds pour investir 100 milliards de dollars dans des infrastructures dédiées au développement de l’intelligence artificielle. Les fonds iront à la création ou à l’extension de centres de données ainsi qu’à la construction d’infrastructures de production d’électricité, pour alimenter les installations dédiées à l’IA. Très énergivores, elles font exploser les émissions de gaz à effet de serre des multinationales de la tech.