Il faut s’imaginer la montagne cachée sous cet épais nuage gris, ses pans boisés, et tout en haut, le cratère pétrifié de l’Iztaccíhuatl, «femme endormie» en langue nahuatl. Au pied de ce volcan qui culmine à 5 215 mètres, le Centre pour la durabilité Incalli Ixcahuicopa (Centli) est l’une des dernières bâtisses avant l’ascension : un laboratoire scientifique pour l’étude des espèces serti de serres pour la conservation de la biodiversité de ce gigantesque parc volcanique composé de l’Iztaccíhuatl et de son amant cracheur de cendres, le Popocatepetl, la «montagne fumante».
Rebeca López fait le tour du centre ; dans ses yeux, la tristesse et la rage. Cette soirée du 12 juin la hante toujours : ses bras et ses jambes ligotés derrière son dos, les coups au visage. Les cris de son mari depuis le jardin. Battu par des hommes cagoulés, Alvaro Arvizu, le directeur du Centli, est décédé une semaine plus tard. «Alvaro était profondément bon. Il menait les ateliers avec les habitants du coin pour sensibiliser à la crise environnementale, à la coupe illégale des forêts, soupire la veuve. Quelqu’un nous avait déjà coupé l’électricité, on était sous surveillance, mais jamais je n’aurais cru qu’on nous attaquerait.» Une voiture de police stat