La neige d’avril est venue couper court aux semailles printanières. Attablé dans la cuisine de sa ferme avoisinant un village du nord-ouest du Montana dénommé Power, Erik Somerfeld rumine son impuissance en son épaisse moustache, entre ce coup d’arrêt malvenu et le devenir toujours indécis d’une précédente récolte qui l’encombre toujours. Lors des moissons d’août, des pluies torrentielles ont dégradé une large part de son malt destiné aux brasseries, ainsi réduit à être écoulé comme provende au Canada, pour nourrir le bétail au nord d’une frontière située à seulement 150 kilomètres de là. Et aux catastrophiques caprices de la nature ont alors succédé d’autres, tout aussi ravageurs, de la Maison Blanche : la promesse puis la mise en œuvre d’une guerre commerciale chaotiquement déclarée par Donald Trump au reste du monde, ou presque.
«Plus rien ne bouge vers le nord, soupire Somerfeld, le regard rivé sur les flocons qui tombent dehors. Les prix des céréales ont d’abord chuté, puis les annonces