«Ma grand-mère a été assassinée parce qu’elle protégeait des terres ancestrales. Une forêt indigène où coexistent une faune et une flore splendides. L’Etat, le parquet et la police sont complices de sa disparition. Ils protègent le propriétaire foncier et cherchent un coupable au sein de notre famille.» Lyssette Sánchez, en tunique traditionnelle mapuche – le peuple autochtone le plus important du Chili – laisse jaillir sa colère lors d’une manifestation à Santiago, le 12 octobre.
Le visage de sa grand-mère, Julia Chuñil, 72 ans, a envahi ces derniers mois l’espace public. Cheveux grisonnants, traits marqués, regard sombre. «Où est Julia Chuñil ?» interrogent les affiches. La trace de cette représentante de la communauté mapuche de Putreguel, considérée comme une défenseuse de l’environnement, s’est évanouie le 8 novembre 2024 à Máfil (région de Los Ríos), après qu’elle était sortie de chez elle avec son chien Chulito pour aller s’occuper du bétail.
Intimidations et menaces
Mère de cinq enfants, Julia Chuñil occupait depuis 2015 une partie d’un terrain de 900 hectares, propriété de Juan Carlos Morstadt, gérant d’une société forestière. «Le terrain avait été acquis pour plus de 1000 millions de pesos [environ 1 million d’euros