Ouragan Melissa : 23 morts à Haïti, la Jamaïque face à des destructions «sans précédent»

«J’ai le regret d’annoncer que quatre personnes – trois hommes et une femme – ont été trouvées mortes par par la police de St. Elizabeth, a annoncé la ministre des Collectivités locales et du Développement communautaire dans un communiqué ce mercredi soir. Elles ont été découvertes après avoir été emportées par les inondations causées par l’ouragan.»

Alors que nous n’avons toujours pas de bilan en Jamaïque, les chiffres ne font que grimper en Haïti. Les autorités haïtiennes parlent désormais d’au moins 20 morts dans le pays suite au passage de l’ouragan, dont dix enfants et dix personnes disparues, selon le directeur général de la Protection civile du pays, Emmanuel Pierre. La crue de la rivière La Digue a emporté plusieurs maisons dans la localité côtière de Petit-Goâve, ont rapporté des habitants. Selon Emmanuel Pierre, les recherches se poursuivent pour retrouver les disparus.

Les images continuent d’arriver au compte-goutte de Jamaïque. Une habitante de Montego Bay, dans l’est de l’île, raconte sur les réseaux sociaux avoir «enfin pu» se connecter à internet. Sur les vidéos qu’elle partage, la Jamaïque est méconnaissable. Il y a des débris partout, des toits arrachés, des arbres coupés en deux. «Les dommages ici sont catastrophiques. Ce qu’on a vécu hier, je ne le souhaiterais même pas à mon pire ennemi. C’était l’un des moments les plus effrayants de ma vie.»

Dans la ville de Contramaestre (sud de Cuba), à environ 60 kilomètres de Santiago de Cuba, un journaliste local a filmé de premières images des dégâts causés par l’ouragan Melissa. Mario J. Pentón relaie notamment sur X une séquence tournée dans un quartier qui semble avoir été victime d’un glissement de terrain. Plusieurs arbres ont été couchés par le vent. Selon le journaliste, les infrastructures sont «fortement endommagées». A Santiago de Cuba, les rues sont inondées et jonchées de débris divers. Des arbres et des poteaux électriques jonchent la chaussée, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place. De nombreuses maisons sont inondées, en raison de l’intensité des pluies qui accompagnent l’ouragan.

Dans un communiqué publié sur X, le département d’Etat en charge de la politique étrangère américaine a annoncé le déploiement d’équipes spécialisées dans les interventions d’urgence, «en réponse aux dégâts catastrophiques causés par l’ouragan Melissa dans de nombreux pays». Selon ce communiqué, une «équipe régionale d’intervention en cas de catastrophe» et une «équipe de recherche et de sauvetage urbain» travaillent avec les pays touchés – au premier rang desquels la Jamaïque et Cuba – et «les communautés locales» pour déterminer l’assistance nécessaire et coordonner les interventions d’urgence.

En frappant la Jamaïque mardi, Melissa a égalisé le record de 1935 de l’ouragan le plus intense au moment de toucher terre, selon une analyse AFP des données météorologiques de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). Ce record était détenu depuis 90 ans par l’ouragan Labor Day, qui a dévasté un archipel situé à l’extrémité sud des États-Unis en 1935, avec des vents approchant également 300 km/h.

Toitures arrachées, inondations généralisées à travers toute l’île, des milliers de foyers privés d’électricité… Après le passage dévastateur de l’ouragan Mélissa en Jamaïque, où les vents ont dépassé les 300 km/h, dévastant tout sur leur passage, une première estimation chiffre les dégâts dans le pays à 22 milliards de dollars. Soit plus que l’intégralité du PIB du pays en 2024. D’après les experts de AccuWeather, une société américaine qui fournit des prévisions météorologiques pour de nombreux médias, ce montant tient compte «des dommages causés aux habitations et aux entreprises, des perturbations du commerce, des pertes touristiques, des répercussions sur les opérations de transport maritime, des pertes financières dues aux coupures de courant ainsi que des dommages causés aux infrastructures». A noter : il s’agit d’une estimation «préliminaire, car les effets de la tempête continuent de se faire sentir et certaines régions n’ont pas encore communiqué d’informations complètes sur les dommages, les blessés et les autres répercussions».

Le ministère des Affaires étrangères conseille aux Français présents à Cuba «de se mettre à l’abri avec une quantité suffisante d’eau et de vivres». La Quai d’Orsay préconise également aux 200 000 Français séjournant sur l’île chaque année «d’éviter les déplacements sur le littoral et à proximité de cours d’eau».

Alors que le soleil n’est pas encore levé en Jamaïque - il est actuellement aux environs de 6 heures du matin sur l’île - les premiers témoignages des habitants tétanisés commencent à nous parvenir. Auprès de CNN, Natassia Wright, jeune femme vivant près de Kingston, annonce avoir passé une nuit «effrayante». Des longues heures angoissantes passées à «entendre le vent hurler dehors, entendre la mer gronder, se demander ce qui allait se passer ensuite, voir des arbres tomber – ces arbres étaient là depuis des siècles – voir différents objets voler dans le vent.» Elle explique par ailleurs avoir du emprunter des routes jonchées de débris et de poteaux électriques brisés pour capter du réseau mobile. «Il y a des choses auxquelles on ne pouvait pas se préparer», ajoute-t-elle.

Ce mercredi matin, les ravages de l’ouragan Mélissa demeurent encore inconnus. Aucun bilan humain ni matériel n’a, à l’heure actuelle, été transmis par les autorités. Mais sur les réseaux sociaux, les photos et vidéos de paysages dévastés montrent des toitures emportées par des vents violents, des clôturées arrachées ou encore des rues transformées en rivières.

La Jamaïque, frappée mardi 28 octobre par le plus puissant ouragan de son histoire depuis le début des relevés météorologiques, doit dès aujourd’hui penser à l’après. Acheminer les secours, coordonner les services de secours et collecter des fonds afin de reconstruire le pays désormais en «zone sinistrée». Les autorités jamaïcaines ont ainsi lancé dans la nuit un site internet officiel permettant de faire des dons, de signaler des situations d’urgence, mais également de localiser des refuges disponibles. Les autorités ont toutefois alerté sur d’autres initiatives parallèles. «Nous avons déjà été informés de la présence d’individus malintentionnés qui tentaient de collecter des fonds au nom de la Jamaïque. Nous vous rappelons que ce site sera le seul site officiel», a mis en garde Dana Morris Dixon, ministre de l’Éducation, lors d’un point de presse.

Dans une publication sur X mardi, l’ambassadeur chinois à Cuba indique que «des kits familiaux donnés par la Chine sont désormais expédiés depuis La Havane pour soutenir les provinces de l’est dans leur réponse à l’ouragan Melissa». Le post est accompagné d’une vidéo dans laquelle on voit Hua Xin en compagnie de personnels habillés de gilets de l’IFRC, la fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.