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Pelé, instrument malgré lui de la dictature des généraux

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La mort de Pelédossier
La majeure partie de la carrière du footballeur, mort à 82 ans jeudi, s’est déroulée sous le régime militaire, qui utilisait son prestige pour améliorer son image. Mais reprocher au joueur d’avoir été volontairement au service des généraux est un mauvais procès.
Emílio Garrastazu Médici, chef du régime militaire, avec les joueurs de l'équipe du Brésil de foot, dont Pelé, et la coupe du monde remportée en 1970. (Keystone/Getty Images)
publié le 31 décembre 2022 à 12h21

Après trois jours de deuil national décrété par Jair Bolsonaro, chef de l’Etat d’extrême droite, Pelé sera enterré mardi, deux jours après l’entrée en fonction de Lula, président de gauche élu en octobre. Cet entre-deux politique post-mortem correspond parfaitement à l’absence de choix idéologiques de Pelé : tout au long de sa carrière, il ne s’est affiché ni de droite ni de gauche, n’a jamais appelé à voter pour tel ou tel candidat, et s’il a eu des opinions, il les a gardées pour lui. Seul son rôle de ministre des Sports, entre 1995 et 1998, a pu valoir adhésion au programme de centriste Fernando Henrique Cardoso. Et encore.

Pourtant, on a souvent dépeint Edson Arantes do Nascimento comme un homme proche du pouvoir établi, y compris pendant la dictature militaire (1964-1985). Les généraux brésiliens ont certes utilisé le football, passion et religion nationales, dans un but de propagande. Les dictatures savent généralement le parti qu’elles peuvent tirer du ballon rond – le Qatar étant le de