Pas un pan de mur n’est resté vierge. Sabina a recouvert toutes les parois de sa maison de dessins multicolores : son chat Michi, des silhouettes d’elle et de sa mère, des empreintes de main bariolées, et des dessins propres à l’imagination d’une fillette de bientôt 7 ans. Des gribouillis aussi. «Quand elle a commencé, je lui ai dit d’arrêter. Mais elle a continué, alors je l’ai laissée faire.» A 37 ans, Diana Luz Vazquez vit seule avec sa fille Sabina dans ce deux pièces du quartier résidentiel de Tlatelolco, près du centre historique de Mexico. Leurs regards complices disent tout d’un duo qui a surmonté bon nombre d’épreuves. Sur une commode, la biographie de Michelle Obama, Chère Ijeawele de la Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, et Mère désobéissante de l’Espagnole Esther Vivas. Une cinquantaine d’ouvrages féministes peuplent la bibliothèque. Un mégaphone taché de peinture violette, stigmates d’une manifestation bruyante et colorée, trône comme une œuvre d’art.
Diana Luz montre la couverture de son livre à paraître en septembre : Salvavidas para mamás solteras autónomas («Guide de survie pour mères célibataires autonomes»). 300 pages de luttes, qui sont aussi celles de millions de Mexicaines. Plus de 4,2 millions, selon l’Institut national des statistiques et de géographie. Et les trois quarts de ces femmes ne reçoivent pas la pension alimentaire du père. «La Terre les a avalés ou quoi ? Les chiffres sont