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Analyse

Pétrole et gaz russes: avec son boycott, Joe Biden prend le risque de la riposte

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Après une temporisation prudente, Washington a annoncé mardi la suspension des importations de pétrole, de gaz et de charbon russes. Une contre-offensive qui pourrait coûter cher au président américain.
Joe Biden à la Maison Blanche, mardi. (Andrew Harnik/AP)
par Julien Gester, correspondant à New York
publié le 8 mars 2022 à 21h18

Retourner le principal levier de l’emprise de la Russie sur l’économie mondiale comme une arme contre le bellicisme autoritaire de Moscou : voilà la résolution prise par Joe Biden en annonçant mardi la suspension par décret des importations américaines de pétrole, de gaz et de charbon russes. «Nous ne contribuerons pas à subventionner la guerre de Poutine» : le discours prononcé mardi depuis la Maison Blanche se voulait empreint d’une détermination à porter «un nouveau coup puissant» au despote, en réplique à la ­dévastation semée de Kharkiv à Marioupol. Cependant, Biden est aussi apparu en posture défensive vis-à-vis des épineuses répercussions économiques et politiques enclenchées par cette décision – d’où, sans doute, la temporisation prudente de Washington avant de se résoudre à l’adopter.

Ainsi, quand il rappelle à ses concitoyens que «la défense de la liberté aura un coût, jusqu’ici aux Etats-Unis», le président américain sait bien que c’est à lui que l’opposition conservatrice, les consommateurs et l’industrie pétrolière s’empresseront de présenter l’addition, sous des formes tant pécuniaires qu’écologiques, électorales et symboliques. Quand bien même, a-t-il insisté, 9 000 concessions de forage déjà autorisées par l’Etat restent à ce jour inexploitées par les producteurs américains de brut, qui affichent des profits records. De fait, l’aggravation attendue du choc énergétique mondial devra, selon lui, entraîner une accélération des politiques en f