Les réactions de diplomates mondiaux n’ont pas tardé à se faire entendre. Au lendemain de la décision des Donald Trump et Vladimir Poutine de lancer des négociations «immédiates» en Ukraine, les alliés sont catégoriques : le pays de Volodymyr Zelensky doit être «étroitement engagé» dans toute négociation de paix et tout accord doit «être durable». C’est ce qu’a averti le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, jeudi 13 février, alors qu’une réunion des ministres de la Défense de l’Otan se tient à Bruxelles. «C’est crucial quand on parle de l’Ukraine, qu’elle soit étroitement engagée dans tout ce qui peut la concerner», a-t-il ajouté devant la presse jeudi 13 février, avant que le rassemblement ne débute.
Une position partagée par les membres de l’Otan, qui ont successivement pris la parole avant l’ouverture de la réunion. «Notre tâche est de mettre l’Ukraine dans la position la plus forte possible pour toute négociation», a assuré John Healey, secrétaire britannique de la Défense, devant les médias. Son homologue canadien, a lui revendiqué «le besoin d’une paix juste et durable», et le fait que «le Canada est déterminé à être là pour l’Ukraine afin de l’assurer». Pour le ministre allemand, Boris Pistorius, il aurait été préférable que les Etats-Unis n’aient pas fait de concessions avant le début des négociations. Il affirme également que si Poutine est sérieux au sujet des pourparlers de paix, il devrait le montrer en mettant un terme à ses attaques contre l’Ukraine.
Sébastien Lecornu, ministre français de la Défense, adopte un ton similaire, mettant en garde contre «la paix par la faiblesse» qui pourrait avoir, selon lui, des conséquences dramatiques, contraires à l’objectif d’apporter la paix en Europe. Il a souligné : «On dit que l’Otan est l’alliance militaire la plus importante, la plus robuste de l’histoire. C’est historiquement vrai, la vraie question c’est : est-ce que dans 10 ou 15 ans c’est toujours le cas ?»
«Placer l’Ukraine en position de force»
Ces réactions avaient en partie déjà été exprimées la veille par les chefs des diplomaties de six pays : la France, l’Allemagne, la Pologne, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Ukraine elle-même. Après l’entretien téléphonique des chefs d’Etat américain et russe, les ministres européens ont affirmé dans un communiqué souhaiter «échanger sur la voie à suivre avec nos alliés américains.» «Nos objectifs communs doivent être de placer l’Ukraine en position de force. L’Ukraine et l’Europe doivent participer à toute négociation», ont-ils ajouté dans le texte, rédigé à l’issue d’une réunion à Paris, dans la soirée de mercredi soir, convoquée en dans ce contexte d’accélération diplomatique entre Moscou et Washington.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a insisté avant le début de la réunion qu’il «n’y aura aucune paix juste et durable en Ukraine sans la participation des Européens.» Pour l’Allemande Annalena Baerbock et l’Espagnol José Manuel Albares Bueno, aucune décision sur l’Ukraine ne peut être prise «sans l’Ukraine». Le ministre polonais Radoslaw Sikorskia a pour sa part insisté sur la nécessité de renforcer le soutien à l’Ukraine et a prôné une «coopération transatlantique étroite».
Le secrétaire américain de la Défense, Pete Hegseth, maintient que l’effort de paix «n’est pas une trahison» de l’Ukraine, et affirme que l’agression russe était une «réinitialisation d’usine» pour l’Otan. Un moment selon lui, de «prise de conscience que cette alliance doit être robuste, forte et réelle.» Il a par la suite fait l’éloge de Donald Trump, le considérant comme «le meilleur négociateur de la planète».