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Gangs

Plus de 50 000 Haïtiens ont fui Port-au-Prince en trois semaines

Plus de 50 000 personnes ont fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince entre le 8 et le 27 mars pour se mettre à l’abri de l’escalade des attaques de gangs, annonce ce mardi 2 avril l’Organisation internationale pour les migrations.
Des cadavres retrouvés à Pétion-Ville, en banlieue de Port-au-Prince, lundi. (Ralph Tedy Erol /Reuters)
publié le 2 avril 2024 à 16h54

Il aura fallu seulement trois semaines. Entre le 8 et le 27 mars, 53 125 Haïtiens ont fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince, révèle ce mardi 2 avril l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). En cause : depuis la fin du mois de février, la capitale est en proie à des violences de gangs, qui ne cessent de s’intensifier. Lundi soir déjà, de nouveaux affrontements entre les gangs et la police avaient eu lieu.

Ces chiffres ont été récoltés grâce à la mise en place d’une collecte de données aux stations de bus les plus utilisées. Résultats : plus de 53 000 personnes ont quitté la capitale pour rejoindre les départements du Grand Sud, qui accueillent déjà 116 000 déplacés ayant fui les mois passés. 83 % des personnes interrogées par l’organisation ont indiqué quitter la capitale à cause des violences et 59 % ont assuré qu’elles resteront en dehors «aussi longtemps que nécessaire».

Des provinces démunies

Ces départs en masse posent problème : les provinces de destination «n’ont pas suffisamment d’infrastructures et les communautés hôtes n’ont pas de ressources suffisantes qui peuvent leur permettre de faire face à ces flux de déplacements massifs venant de la capitale», selon l’OIM. Depuis des décennies, le pays est rongé par la pauvreté, des catastrophes naturelles ou encore une instabilité politique.

Quant à la violence des gangs, elle s’est intensifiée ces derniers mois. Depuis la fin février, les gangs n’ont cessé d’attaquer des postes de police, des prisons, l’aéroport ou encore le port maritime de Port-au-Prince. Lors de la journée du 1er mars, ces violences ont atteint un cap avec l’attaque de deux prisons, entraînant l’évasion de milliers de détenus.

Les gangs réclament la démission de Premier ministre Ariel Henry, dirigeant contesté par une partie de la population haïtienne. Le 11 mars, cette personnalité politique avait annoncé se retirer du gouvernement. Trois semaines plus tard, le nouveau conseil n’avait toujours pas été formé, des désaccords persistant entre les partis politiques et les autres parties prenantes.