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Guerre Russie-Ukraine

Pour asphyxier l’effort de guerre russe, les Etats-Unis sanctionnent 300 nouvelles entités

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
A la veille du sommet du G7, Washington a annoncé ce mercredi 12 juin une nouvelle batterie de sanctions, visant notamment des individus ou des structures installés à l’étranger et qui collaborent, même indirectement, avec l’industrie russe de la défense.
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, à Washington, le 6 juin 2024. (Anna Moneymaker/Getty Images via AFP)
publié le 12 juin 2024 à 18h50

La guerre se joue aussi sur les comptes bancaires. A la veille de l’ouverture du sommet G7 en Italie, Washington a dévoilé ce mercredi 12 juin une nouvelle salve de sanctions financières visant à asphyxier l’effort de guerre russe en Ukraine. Elles visent, cette fois-ci, «les voies d’approvisionnement restantes par lesquelles [la Russie] se procure des matériaux et des équipements à l’international, y compris sa dépendance à l’égard de fournitures essentielles provenant de pays tiers», a déclaré la secrétaire au Trésor, Janet Yellen. «Nous diminuons la capacité de la Russie à bénéficier de l’accès aux technologies, aux équipements, aux logiciels et aux services informatiques étrangers», a-t-elle précisé.

Moscou a immédiatement promis des représailles. «La Russie, comme toujours dans de tels cas, ne laissera pas les actions agressives des États-Unis sans réponse», a affirmé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Quelque 300 nouvelles entités sont ciblées, dont la Bourse de Moscou et plusieurs filiales. L’objectif est d’empêcher - ou du moins de compliquer - les transactions de plusieurs milliards de dollars, ainsi que des sociétés impliquées dans trois projets de gaz naturel liquéfié.

Ces nouvelles sanctions prises par le département du Trésor et le département d’Etat américain concernent notamment 90 individus ou organisations dans des pays partenaires de la Russie, qui lui permettent de contourner les sanctions, comme la Chine, la Turquie et les Emirats arabes unis. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a rappelé que les Etats-Unis «restent préoccupés par l’ampleur et la portée des exportations» de la Chine vers la Russie, qui alimentent l’industrie militaire de Moscou.

Par ailleurs, le département du Trésor américain élargit sa définition du complexe «militaro-industriel» russe. Jusqu’à présent, les banques étrangères pouvaient être sanctionnées pour leur soutien direct à l’industrie de la défense russe. Désormais, le département du Trésor étend la portée de ce régime de sanctions dites «secondaires» à toutes les personnes et entités russes qui ont déjà été frappées par les sanctions américaines. Les institutions financières étrangères pourraient donc être sanctionnées si elles effectuent des transactions impliquant toute personne sanctionnée ou des banques russes. La liste des cibles passe ainsi de plus de 1 000 à environ 4 500 entités.

«Le temps ne joue pas en sa faveur»

Après chaque batterie de sanctions, la Russie met en pourtant en place des stratégies de contournement… qui requièrent à leur tour de nouvelles sanctions. Un cycle sans fin, dont l’efficacité est parfois remise en cause. Les sanctions ne sont jamais appliquées à 100 %, reconnaissent leurs promoteurs, mais elles perturbent tout de même l’économie de guerre russe. «Les exportations mondiales vers la Russie ont chuté de près de 90 milliards de dollars», assure un haut responsable américain à l’Agence France Presse.

Joe Biden, attendu jeudi en Italie, entend montrer à Vladimir Poutine que «le temps ne joue pas en sa faveur», selon un porte-parole de la Maison Blanche. Les Etats-Unis veulent accorder à l’Ukraine jusqu’à 50 milliards de dollars de prêts garantis par les intérêts des 300 milliards d’euros d’actifs de la banque centrale russe gelés par l’Union européenne et les pays du G7.