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Libération
Rencontre

Le journaliste José Rubén Zamora, pour qui «le Guatemala est un labyrinthe parfait, c’est-à-dire sans issue», a été libéré de prison

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Libéré le vendredi 18 octobre, le célèbre journaliste guatémaltèque est désormais assigné à résidence. «Libération» avait pu rencontrer en prison celui qui avait été condamné pour blanchiment d’argent en 2023, mais qui subissait en réalité la persécution d’un pouvoir judiciaire corrompu.
José Rubén Zamora au palais de justice de Guatemala, le 26 août. (Johan Ordonez/AFP)
par Diego Calmard, envoyé spécial à Ciudad de Guatemala
publié le 12 septembre 2024 à 18h59
(mis à jour le 19 octobre 2024 à 11h01)

Il a gardé sa moustache coupée au carré, comme dans sa vie d’avant. A tout juste 68 ans, il est sec, presque musclé sous son tee-shirt blanc et son fin jogging noir. «Petit déjeuner à 7 heures, déjeuner à 14 heures, je ne dîne plus, sourit José Rubén Zamora. Je fais 600 abdos par jour, 120 flexions.» Et 10 km de marche matinale dans son rectangle d’herbe de 12 mètres de long à l’orée de sa cellule, tournant comme un lion en cage. Sauf qu’en captivité, les lions sont mieux traités que l’ancien directeur d’El Periódico au centre pénitentiaire Mariscal-Zavala, en périphérie de Guatemala.

Livres empilés dans un coin

Arrêté le 29 juillet 2022, il a été condamné en juin 2023 à six ans de prison pour blanchiment d’argent dans un procès criblé d’irrégularités, où sa culpabilité n’a pas été prouvée. Une affaire «liée à son travail comme journaliste d’investigation et anticorruption», selon le groupe d’experts des procédures spéciales des Nations unies. Amnesty International dénonce une «détention arbitraire» et des «poursuites pénales infondées». Son véritable tort : avoir révélé des scandales de corruption impliquant le président Alejandro Giammattei (2016-2020). José Rubén Zamora était déjà l’un des plus grands journalistes du continent, il est devenu un symbole de résistance face à un système de justice à la solde du «pacte des corrompus», une caste de politiques et de fonctionnaires bien connue au Guatemala qui vérole la vie publique de ce pays d’Amérique cent