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Libération
Reportage

Premier syndicat chez Amazon: le voyage dans la lutte

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Malgré les millions investis par Amazon pour écraser toute aspiration syndicale, des salariés viennent de remporter un vote historique à New York. «Libération» a suivi ses protagonistes, qui dénoncent un environnement de travail «inhumain».
Vendredi à Brooklyn lors de la conférence de presse de Chris Smalls après l'annonce des résultats du vote qui célèbre la formation du premier syndicat chez Amazon. (Julien Gester/Libération)
par Julien Gester, correspondant à New York
publié le 1er avril 2022 à 18h47

«Nous allons être le meilleur employeur et le lieu de travail le plus sûr de la planète», claironnait Jeff Bezos il y a tout juste un an, dans une dernière lettre aux actionnaires d’Amazon avant de prendre congé de son fauteuil de PDG – pour sauter presque aussitôt dans une fusée vers l’espace, peut-être bien en hurlant de rire. Dans la conquête de sa louable ambition terrestre, le deuxième homme le plus riche de l’univers vient cependant de trouver un allié inattendu en la personne d’un jeune trentenaire un peu rappeur, surtout chômeur, dénommé Chris Smalls. Lequel, par une incontestable ironie, se trouve avoir été mis à la porte d’Amazon le 30 mars 2020, à la suite d’une action qu’il avait initiée dans l’entrepôt new-yorkais où il travaillait depuis deux ans, en protestation contre l’absence de mesures de protection sanitaire des salariés. Ceux-là même qui étaient alors sommés d’être plus efficients que jamais à l’heure où la première vague de Covid-19 frappait leur ville de plein fouet.

Deux ans plus tard, presque au jour près, Smalls tient un peu plus que sa revanche : une petite révolution et un exploit. A la tête d’un collectif d’une douzaine de salariés aux profil