En annonçant sa volonté de ne pas briguer de nouveau mandat lors de l’élection présidentielle de novembre, Joe Biden a lancé une course aussi incertaine qu’échevelée au sein du parti démocrate ce dimanche 21 juillet au soir. Le chef de l’Etat sortant a dit soutenir sa vice-présidente Kamala Harris pour devenir la nouvelle candidate face à Donald Trump. Mais ce remplacement naturel est loin d’être automatique. Tour d’horizon des noms qui circulent.
Kamala Harris, successeuse naturelle
Elle s’impose comme le choix le plus évident et Joe Biden lui a offert son soutien : la vice-présidente Kamala Harris, déjà amenée à succéder au président en cas de décès ou d’incapacité, est très bien positionnée pour être choisie par les démocrates.
Pionnière en série, cette fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne a été la première femme et première personne noire à devenir procureure générale de Californie, puis la première sénatrice originaire d’Asie du Sud.
Profil
De sa carrière de magistrate, elle garde une réputation de dureté qu’elle pourrait faire valoir dans une campagne où les questions de criminalité pèsent lourd. Certains progressistes lui reprochent toutefois d’avoir puni durement les petits délits, ce qui a touché surtout les minorités.
La vice-présidente de 59 ans souffre par ailleurs d’une cote de popularité en berne, ce qui pourrait pousser les démocrates à se rallier autour d’un autre candidat.
Gavin Newsom, challenger californien
Aucune règle ne prévoit que le colistier ou la colistière remplace automatiquement le candidat en titre. C’est pourquoi le nom du gouverneur de Californie, Gavin Newsom, était, avant l’annonce du retrait, lui aussi évoqué avec insistance.
Le démocrate de 56 ans, ancien maire de San Francisco, dirige depuis cinq ans l’Etat le plus peuplé du pays, faisant de la Californie un sanctuaire pour le droit à l’avortement.
Profil
Si l’homme à la mèche bien peignée a continué de soutenir Joe Biden ces dernières semaines, il n’entretient qu’un mystère relatif sur ses ambitions présidentielles.
Le gouverneur a récemment multiplié les déplacements à l’étranger, fait diffuser sans retenue des spots publicitaires vantant son bilan et a investi des millions de dollars dans un comité d’action politique, alimentant les spéculations sur une candidature en 2028. Ou dès 2024 ?
Gretchen Whitmer, farouche gouverneur
Autre candidate possible des démocrates : la gouverneure Gretchen Whitmer. Cette responsable de 52 ans dirige le Michigan, qui compte à la fois une forte population ouvrière et d’importantes communautés noires et arabes - autant d’électorats que Joe Biden peine actuellement séduire.
Farouche opposante de Donald Trump, elle est connue pour avoir été la cible d’un projet d’enlèvement par une milice d’extrême droite.
L’Etat qu’elle dirige sera l’un des plus disputés pour la présidentielle de novembre un argument fort, d’après ses partisans, pour la nommer comme candidate du parti.
Josh Shapiro, ex-procureur acharné
A 51 ans, le gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro est à la tête du plus gros «swing state», à savoir un Etat à la couleur politique fluctuante selon les élections et qui jouera un rôle décisif en novembre.
Avant d’accéder à ce poste en 2022, en battant très nettement un concurrent de la droite radicale soutenu par Donald Trump, il avait été élu à deux reprises procureur général de Pennsylvanie. Dans cette fonction, le responsable a dénoncé des agressions sexuelles commises par des prêtres catholiques contre des milliers d’enfants, et poursuivi le laboratoire Purdue, fabricant du puisant opiacé OxyContin.
Orateur efficace et centriste affirmé, Josh Shapiro s’est donné pour slogan de gouverneur : «Get shit done», que l’on peut traduire, très librement, par : «Faire avancer le bordel».
Les autres
Les noms des gouverneurs de l’Illinois, J.B. Pritzker ; du Maryland, Wes Moore ; et du Kentucky, Andy Beshear ; circulent aussi, mais leurs chances paraissent pour l’heure plus limitées.
Tout comme celles de la sénatrice Amy Klobuchar ou du ministre des Transports Pete Buttigieg -- tous les deux anciens candidats à la présidentielle de 2020.
Les modalités
Même en cas de consensus sur le nom du candidat pour lui succéder, le processus pour formellement remplacer Joe Biden risque d’être un peu technique.
Le président a été désigné comme le candidat des démocrates à la présidentielle lors d’une série de primaires, qui se sont tenues de janvier à juin. Il devait donc, en théorie, être intronisé lors de la convention du parti, à Chicago mi-août. Mais il est probable que le choix du candidat de substitution s’opère la première semaine d’août, bien avant la convention, par le vote des délégués de chaque Etat.