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Libération
Reportage

Présidentielle américaine : dans le Wisconsin, «Biden n’a aucune chance s’il ne change pas sa ligne» sur la guerre à Gaza

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A six mois de l’élection, des dizaines de milliers d’électeurs progressistes de l’Etat crucial pour la course à la Maison Blanche boudent le candidat démocrate et entendent lui faire passer un message : sa réélection pourra être compromise sans un virage dans sa politique proche-orientale.
Des militants en faveur du vote «uninstructed» lors de la primaire présidentielle démocrate du 2 avril, lors d'une manifestation à Milwaukee (Wisconsin) en soutien aux Palestiniens, samedi 30 mars. (Julien Gester)
par Julien Gester, envoyé spécial à Milwaukee (Wisconsin)
publié le 3 avril 2024 à 15h33

«Vous penserez bien à aller voter ?» A quelques jours des élections du mardi 2 avril dans son Etat du Wisconsin, Marketta Weddle avait perdu le fil du nombre de «milliers» de maisons de Milwaukee auxquelles elle est allée sonner pour lancer cette question, à force de sillonner les quartiers nord de la ville, d’une campagne à l’autre, depuis des années. Elle avait en revanche ce chiffre en main : «20 682», le nombre infime de voix qui séparèrent Donald Trump d’un Joe Biden vainqueur de justesse de l’Etat en 2020. Soit moins de 1 % des suffrages, comme presque à chaque scrutin présidentiel dans le Wisconsin depuis un quart de siècle – à la seule exception des campagnes de Barack Obama. Au point de valoir à ce swing state une aura d’Etat le plus parfaitement clivé entre progressistes et conservateurs, et ainsi peut-être le plus disputé du pays.

Il y a quatre ans, le mince avantage démocrate avait été acquis notamment grâce à l’activisme quasi militaire sur le terrain d’organisations comme «Black Leaders Organizing Communities» (Bloc) qui missionne Marketta Weddle et des dizaines d’autres pour frapper à toutes les portes possibles. Or, cette fois, si ces mêmes opérations furent menées