Donald Trump a récolté samedi 6 avril plus de 50 millions de dollars lors d’une grande soirée de levée de fonds en Floride, nouvel épisode crucial de la guerre aux gros dons qui oppose le républicain et Joe Biden dans la course à la Maison Blanche. Dans la vie électorale américaine, l’argent, loin d’être un tabou, est un motif de fierté pour le camp qui en amasse le plus. C’est aussi une manne indispensable : 2024 s’annonce comme le cycle électoral le plus coûteux de l’histoire du pays.
Les deux candidats sont engagés depuis des mois dans cette bataille aux millions, commentant régulièrement l’opulence de leurs finances. Ce concours de grosses coupures s’était accéléré avec la tenue fin mars d’une grande réception à New York, lors de laquelle le président démocrate Joe Biden a levé 25 millions de dollars, «un record» selon son équipe de campagne.
Mais samedi, celle de son tempétueux rival Donald Trump a surenchéri. Elle a annoncé un chiffre deux fois plus élevé : plus de 50,5 millions de dollars recueillis lors de la soirée de collecte de fonds à Palm Beach, non loin de Mar-a-Lago, la luxueuse résidence du candidat républicain. Un montant qui rend celui récolté par Joe Biden à New York de «désespéré», a ironisé l’équipe de campagne du milliardaire.
814 600 dollars la place
L’événement a été organisé par un autre milliardaire, John Paulson, un des rares financiers à avoir tiré parti de la crise financière de 2008-2009 grâce à ses paris sur la débâcle du marché immobilier. Il a permis, selon lui, «de récolter le montant le plus élevé en une seule fois dans l’histoire» de la politique.
Parmi les invités figuraient l’homme d’affaires Robert Bigelow, qui a fait fortune dans l’hôtellerie avant de diriger une société de recherche aérospatiale, et John Catsimatidis, propriétaire d’une grande chaîne d’épiceries. Les deux hommes sont connus pour être de grands donateurs du Parti républicain.
Quelques anciens rivaux de Donald Trump aux primaires républicaines étaient aussi sur la liste : Tim Scott, Vivek Ramaswamy, Doug Burgum… Ces hommes ont depuis complètement épousé la candidature du septuagénaire et espèrent se faire une place dans une hypothétique administration Trump.
D’après le Washington Post, le siège à la table de Donald Trump était facturé… 814 600 dollars. Ces sommes folles servent à financer les déplacements des candidats, à rémunérer leurs équipes, à commander des sondages ou, et peut-être surtout, à payer des publicités télévisées.
«Don le fauché»
Joe Biden, qui aime s’ériger en héros de la classe moyenne, s’est empressé de critiquer l’événement organisé par son adversaire républicain dans une publication sur les réseaux sociaux samedi. «Donald Trump organise une levée de fonds auprès d’un groupe de milliardaires du monde de la finance, qui veulent sabrer dans la Sécurité sociale et l’Assurance maladie tout en s’offrant des réductions d’impôts», a-t-il accusé.
Bourse
La soirée de Donald Trump en Floride, sa plus grande collecte de fonds à ce jour, est un coup de pouce bien nécessaire pour l’ancien président, inculpé quatre fois au pénal, visé par deux procédures au civil très coûteuses dans l’Etat de New York, et qui dépense en frais d’avocats une partie de l’argent récolté auprès de ses partisans.
Dans le camp démocrate, on insiste fortement sur l’avantage financier de Joe Biden, tant en termes de levée de fonds que d’argent disponible. En mars, la campagne du président et le Parti démocrate ont récolté 90 millions de dollars et terminé le mois avec 192 millions de dollars en caisse. Un trésor de guerre considérable, alors même que la campagne dépense déjà des millions en publicités télévisées et ouvre des bureaux dans des Etats clés du pays.
En comparaison, l’équipe de Donald Trump, associée au Comité national républicain, a annoncé avoir levé en mars 66 millions de dollars et terminé le mois avec une réserve de 93 millions de dollars. Moins de la moitié des fonds disponibles de la campagne Biden, qui savoure cet avantage, étrillant même «Don le fauché» dans un récent mail.