Menu
Libération
Entre vieux

Présidentielle américaine : les démocrates doutent de l’état de santé de Joe Biden, qui parle de fatigue liée aux voyages

Après le débat catastrophique du président sortant face à Donald Trump, plusieurs élus commencent à mettre en cause la forme du dirigeant de 81 ans. Ce n’était «pas très malin» d’avoir «voyagé à travers le monde plusieurs fois» peu avant cette confrontation, a estimé Biden mardi soir.
Nancy Pelosi et Joe Biden, le 3 mai 2024 à Washington. (Andrew Caballero Reynolds/AFP)
publié le 2 juillet 2024 à 20h36
(mis à jour le 3 juillet 2024 à 7h40)

Les appels au retrait de Joe Biden affluent depuis sa piètre performance face à Donald Trump jeudi soir. Après le comité de rédaction du New York Times, c’est au tour de Nancy Pelosi de douter des facultés du président américain de 81 ans à briguer un second mandat. La ténor démocrate, elle-même âgée de 84 ans, a assuré ce mardi 2 juillet qu’il était «légitime» de s’interroger sur l’état de santé de l’actuel chef de l’Etat après son débat catastrophique contre le milliardaire du Parti républicain.

«Je pense qu’il est légitime de se demander s’il s’agit d’un simple épisode ou d’un état» durable, a-t-elle souligné sur la chaîne MSNBC, tout en saluant la «vision» du dirigeant démocrate pour le pays. «Je ne suis pas médecin. Je ne peux pas dire ce qui se passera dans trois ou quatre ans, mais d’après mon expérience, je pense qu’il continuera à être un grand président des Etats-Unis», a ajouté l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, encore très influente au sein de son parti.

Les appels d’élus démocrates exhortant le Président et son entourage à être transparents sur la forme du dirigeant de 81 ans se multiplient ces dernières heures. Lundi, dans un entretien diffusé par une chaîne de télévision locale, le sénateur démocrate Sheldon Whitehouse a par exemple insisté sur le fait que les Américains voulaient être «sûrs» que Joe Biden était «honnête sur son état».

«Il ne doit pas nous livrer à Trump en 2024»

Ce mardi, un premier parlementaire démocrate a même appelé Biden à se retirer de la course à la Maison Blanche. «J’ai espoir qu’il prendra la difficile et douloureuse décision de se retirer. Je l’appelle respectueusement à le faire, écrit le Texan Lloyd Doggett dans un communiqué envoyé aux médias américains. Le président Biden a sauvé notre démocratie en nous délivrant de Trump en 2020. Il ne doit pas nous livrer à Trump en 2024».

En réponse, Joe Biden a estimé mardi soir lors d’une rencontre avec des donateurs démocrates près de Washington que son débat raté s’expliquait par la fatigue liée à ses déplacements internationaux récents, après s’être rendu en France puis en Italie pour le G7 en juin. Le président américain a jugé que ce n’était «pas très malin» d’avoir «voyagé à travers le monde plusieurs fois» peu avant cette confrontation, et que cela l’avait amené à «presque [s’]endormir sur scène», en ajoutant : «Ce n’est pas une excuse mais une explication».

«Je n’ai pas écouté mes conseillers», a encore dit le démocrate de 81 ans, cinq jours après ce débat lors duquel il est apparu très confus et parfois complètement perdu face à son prédécesseur républicain, qu’il doit affronter en novembre à l’élection présidentielle. Jusqu’ici, le principal argument de ses partisans était de dire que Joe Biden avait eu une «mauvaise soirée», passagère, et de souligner qu’il souffrait d’un «rhume» gênant son élocution.

En parallèle, la vice-présidente Kamala Harris s’est dite «fière» d’être sa «colistière». «Joe Biden est notre candidat, nous avons battu Donald Trump une fois et nous allons le battre à nouveau», a-t-elle affirmé à la chaîne CBS News.

Interview puis conférence de presse pour donner des gages

La Maison Blanche balaie depuis des mois, parfois avec une certaine irritation, toute interrogation sur les facultés physiques et mentales de Joe Biden, dont l’aisance physique et verbale a décliné. Si jusqu’ici les poids lourds du parti lui affirmaient publiquement leur soutien, depuis le débat de jeudi dernier la nervosité monte chez des sympathisants et donateurs. Certains demandent à Joe Biden de répondre concrètement aux inquiétudes, en multipliant les conférences de presse ou les échanges sans filet avec des journalistes ou des partisans.

D’après ABC News, le président démocrate accordera vendredi sa première interview depuis son débat avec Trump. Un test cognitif n’est «pas nécessaire» pour Joe Biden, a dans la foulée affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. Le président américain «sait comment rebondir», a-t-elle vanté lors d’une conférence de presse. Et d’assurer que l’exécutif américain ne cachait «absolument pas» d’informations sur la forme du président américain. Il devrait aussi donner une conférence de presse la semaine prochain, en gage de ses aptitudes.

Lundi, une journaliste a demandé à la volée à Joe Biden s’il comptait se retirer de la course à la fin d’un court discours qu’il venait de prononcer à la Maison Blanche à propos d’une décision de la Cour suprême concernant Donald Trump. L’octogénaire a tourné les talons et quitté la pièce, sans répondre.

Mise à jour : ce mercredi 3 juillet à 7h40, avec l’ajout des déclarations de Joe Biden et Kamala Harris.