Les électeurs démocrates et républicains de quinze Etats américains sont appelés aux urnes ce mardi 5 mars à l’occasion du Super Tuesday. Ce jour sera élu le plus gros contingent de délégués, ces grands électeurs qui seront chargés cet été de choisir à leur tour une tête d’affiche pour l’élection présidentielle, qui aura lieu le 5 novembre. Cette année, cependant, le suspense est maigre : le président Joe Biden et son prédécesseur Donald Trump font figure de grandissimes favoris. Explications.
Quelle est l’origine du Super Tuesday ?
Dans sa forme actuelle – un grand nombre d’Etats qui élisent en même temps leurs délégués lors du premier mardi de mars, ou exceptionnellement fin février –, le Super Tuesday date de la fin des années 80. Au départ, l’événement naît de la volonté d’un certain nombre d’Etats du Sud de synchroniser et d’avancer dans le temps leurs primaires, dans l’espoir d’accroître leur influence sur le processus électoral. Depuis, le vainqueur du Super Tuesday a régulièrement bénéficié d’une impulsion qui lui a permis ensuite de décrocher l’investiture.
Qui va voter ?
Les électeurs de quinze Etats (Alabama, Alaska, Arkansas, Californie, Colorado, Maine, Massachusetts, Minnesota, Caroline du Nord, Oklahoma, Tennessee, Texas, Utah, Vermont et Virginie), ainsi que ceux des Samoa américaines, territoire situé en Océanie. Ces Etats fournissent au total plus du tiers des délégués qui doivent être désignés sur l’ensemble des primaires. C’est en Californie que la mise est la plus importante : 495 délégués côté démocrate, 169 côté républicain. Au total, pour obtenir l’investiture à l’élection présidentielle, un démocrate doit être soutenu par 2 330 délégués et un républicain par 1 215 délégués.
Quel est l’enjeu cette année ?
Une fois n’est pas coutume, il est assez faible. Car le président Joe Biden et son prédécesseur Donald Trump ont écrasé toute concurrence dans leur camp respectif dès les premières semaines des primaires, entamées mi-janvier dans l’Iowa, au point que ne subsiste presque aucune forme de suspense. Côté démocrate, le chef de l’Etat a accaparé jusque-là l’ensemble des 206 délégués en jeu depuis un mois et demi. Ses deux concurrents, Dean Phillips et Marianne Williamson, en sont réduits au rôle de faire-valoir. Côté républicain, Donald Trump a balayé Nikki Haley, seule candidate toujours en lice contre lui, jusqu’en Caroline du Sud où l’ancienne ambassadrice américaine auprès des Nations unies a été gouverneure. Le milliardaire totalise actuellement 247 délégués, contre 24 pour son opposante.
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Pas plus que Joe Biden, Donald Trump ne pourra toutefois atteindre au terme du Super Tuesday le seuil qui lui garantirait la nomination républicaine. Mais une déroute supplémentaire pourrait définitivement sortir Nikki Haley de la course à l’investiture, voire la pousser à abandonner. Chez les démocrates, il faudra surveiller l’ampleur du vote «uncommitted» («sans préférence»), porté par les critiques du soutien de Joe Biden à la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza, qui a convaincu plus de 100 000 personnes dans le Michigan, la semaine dernière. Par ailleurs, les primaires de mardi permettront d’analyser plus finement, au niveau géographique comme sociologique, les forces et les faiblesses des deux favoris.