Les portes des maisons s’ouvrent unes à unes dans le quartier de Pedregal de Santo Domingo, à mesure que la lumière matinale vivifie le Sud populaire de la capitale mexicaine. Les habitants se lancent à l’assaut du quotidien, certains déjà en uniforme de travail. Un voisin sort avec ses garçons, cartables sur le dos. La petite famille observe hébétée la caisse en bois blanchie de couronnes de fleurs qui trône à même la rue. Le père signe ses fils d’une croix imaginaire. L’un d’eux jette un dernier coup d’œil interloqué en direction du cercueil de Diana Laura Luna Ricardez, ouvert à hauteur d’épaules. De la cire de bougie a séché sur la vitre qui recouvre son visage. Son cou a été maquillé pour masquer les traces de strangulations. Elle a été tuée par son ex-mari l’avant-veille. Une bière et une cigarette ont été posées sur le bois verni, derniers cadeaux futiles dont cette jeune femme de 28 ans ne pourra plus jamais jouir.
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Le mardi 20 février, jour où Diana a été étranglée par son ex-conjoint, dix autres femmes ont aussi été tuées au Mexique. Ici, les chaînes de télé et les tabloïds diffusent machinalement ces féminicides en questionnant à peine la morbidité du quotidien. Les autorités en ont dénombré 837 en 2023. Les collectives (1) féministes comptent, elles, plus de 4 000 meurtres de femmes c