Maria Chacon s’est levée tôt. Très tôt. Elle s’est préparée comme pour un jour de fête. Ou de retrouvailles. Elle voulait être devant son bureau de vote dès l’ouverture, à 6 heures de matin. C’était sans compter sur les dizaines d’autres électeurs qui faisaient déjà le pied de grue devant le parc Ali Primera, à Catia, dans l’ouest populaire de Caracas, en ce jour d’élection présidentielle, dimanche 28 juillet. «Ce n’est pas grave, nous les Vénézuéliens, nous sommes habitués à attendre», dit-elle à l’issue de deux heures de queue, juste après avoir déposé son bulletin dans l’urne. Derrière elle, la file s’allonge de plus en plus. Maria Chacon ajoute, tout en essayant de contrôler son émotion et de protéger son maquillage : «Ce que je suis fatiguée d’attendre, ce sont mes fils partis en Colombie. Si je vote aujourd’hui, c’est pour qu’ils puissent revenir. Et pour ça, il faut que ce pays change.»
Dans un quartier comme Catia, ce genre de discours était auparavant proscrit. Pendant des années, la population de cette zone populaire a soutenu le gouvernement, de Chávez à Maduro. Un héritage qui se lit encore sur les peintures murales à la gloire des deux hommes. Mais la grave crise économique et inflationniste qui a fait chuter le PIB de 80 % et poussé