Les affaires d’Enyer Camejo sont prêtes. Trois gros sacs à dos pour ne pas s’encombrer de leurs maigres possessions. Dans la lumière crue d’une petite maison de parpaing, au fin fond du très populaire quartier de Petare – fantasmé comme étant le plus grand bidonville d’Amérique latine –, ses deux fils de 4 et 5 ans sautent partout. Ils se jettent, tout sourire, dans les bras des invités qui se succèdent. Gloussent en jouant à cache-cache entre les jambes des adultes qui masquent tant bien que mal leurs yeux humides. Le visage radieux des deux gamins vante l’excitation du départ. La mine soucieuse de leur père, qui vient de fêter ses 40 ans, traduit la fatalité de l’exil. Sa petite famille s’apprête à embrasser le destin, parfois tragique, des 7 millions de Vénézuéliens – près d’un quart de la population – qui ont quitté le pays depuis 2015 selon l’ONU.
«Jusqu’à récemment, je n’ai jamais voulu partir. Mais je ne suis pas optimiste pour la présidentielle de dimanche», se justifie Enyer. Après vingt-cinq ans de pouvoir chaviste, le sortant Nicolás Maduro risque d’êtr