Agé de 75 ans, Saifullah Paracha retrouve la liberté. Le doyen des prisonniers de Guantánamo (Cuba) est rentré chez lui samedi au Pakistan, à plus de 13 000 kilomètres de son ancienne cellule. L’homme d’affaires avait étudié aux Etats-Unis et possédait une entreprise d’import-export approvisionnant d’importants détaillants américains avant son enlèvement et son arrestation en Thaïlande en 2003. Il avait été accusé d’avoir aidé au financement d’Al-Qaeda. Détenu sans inculpation depuis, comme la plupart des autres prisonniers, il clamait son innocence et professait son amour pour les Etats-Unis.
La prison de Guantánamo a été ouverte en 2002 en territoire américain sur l’île de Cuba pour détenir des membres du groupe jihadiste Al-Qaeda et des complices présumés des auteurs des attentats du 11 septembre 2001. Devenue une épine dans le pied de Washington, accusé de détention illégale, violations des droits humains et torture, la prison a compté jusqu’à près de 800 «prisonniers de guerre», la plupart incarcérés malgré des preuves fragiles sur leur implication. Il n’en reste plus aujourd’hui qu’une quarantaine.
Les autorités américaines avaient accusé Saifullah Paracha d’avoir eu des contacts avec des responsables d’Al-Qaeda, dont Oussama ben Laden et Khalid Cheikh Mohammed. En 2008, l’avocat de Saifullah Paracha avait déclaré que l’homme d’affaires avait rencontré Oussama ben Laden en 1999, puis à nouveau un an plus tard, en lien avec la production d’un programme télévisé.
Sa libération avait été approuvée en mai 2021 par une commission de la Maison Blanche aux côtés de celles d’Abdul Rabbani, 55 ans, également de nationalité pakistanaise, et d’Uthman Abdul al-Rahim Uthman, 41 ans et originaire du Yémen. Dans un communiqué, le ministère pakistanais des Affaires étrangères explique avoir finalisé «un processus complet entre administrations pour faciliter le rapatriement de Monsieur Paracha».
Plus une «menace significative»
«Nous sommes heureux qu’un citoyen pakistanais emprisonné à l’étranger retrouve enfin sa famille», ajoute le communiqué qui ne fait pas mention d’Abdul Rabbani. Le département américain de la Défense a expliqué que Saifullah Paracha avait été libéré après avoir établi que sa détention «n’était plus nécessaire pour se protéger contre une menace significative et persistante pour la sécurité des Etats-Unis».
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Le Pentagone a également remercié le Pakistan pour sa «volonté […] de soutenir les efforts des Etats-Unis en vue de réduire de manière responsable le nombre de détenus et, à terme, fermer le centre de Guantánamo». Le président américain, Joe Biden, fait face à des pressions pour que les détenus non inculpés de Guantánamo soient libérés et que se tienne le procès de ceux accusés d’avoir des liens avec Al-Qaeda.
De nombreux prisonniers ont déjà été rapatriés dans leur pays d’origine ou transférés dans un pays tiers. Parmi la quarantaine de prisonniers restant à Guantánamo, se trouvent un certain nombre d’hommes accusés d’avoir pris une part active dans la préparation et l’exécution des attentats du 11 Septembre ainsi que d’autres attentats d’Al-Qaeda.