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Analyse

Quand l’administration Biden se félicitait début octobre d’un Moyen-Orient «calme» comme jamais

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Guerre au Proche-Orientdossier
La naïveté, voire l’aveuglement avec lequel les Etats-Unis ont délaissé la question palestinienne semble peser encore sur la réponse américaine au réembrasement en cours du conflit, qui peine à dessiner une issue à la mesure de son «optimisme» revendiqué.
Le président américain Joe Biden à la base aérienne d'Andrews dans le Maryland, en octobre 2021. (Nicholas Kamm/AFP)
par Julien Gester, correspondant à New York
publié le 31 octobre 2023 à 12h25

«Les Etats-Unis ont déjà été surpris par le passé, ils seront probablement surpris à l’avenir, quels que soient les efforts déployés par le gouvernement pour anticiper ce qui se prépare» : lorsqu’il prend la plume pour écrire ces mots il y a seulement quelques semaines, Jake Sullivan pense, malgré cette précaution tardive, livrer à l’histoire et aux générations futures la vision durable et orgueilleuse d’une politique étrangère américaine dont il est, en sa qualité de conseiller en sécurité nationale de la Maison Blanche, l’un des principaux architectes à Washington. A la stupeur suscitée naguère par la crise cubaine de la baie des Cochons en 1961 ou l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, il oppose fièrement la sagacité avec laquelle le renseignement américain et l’administration Biden ont su devancer les moindres manœuvres russes à la veille de l’attaque de l’Ukraine l’an dernier. Et pour preuve éloquente de sa prétention à une postérité au long cours, il choisit de titrer ses 22 pages d’exposé par «les Sources de la puissance américaine», en écho à un fameux manifeste anti-communiste de 1947, intitulé «les Sources de la conduite soviétique», et resté depuis lors une référence majeure de la vénérable revue Foreign Affairs, à laquelle son texte est