C’est, pour l’heure, un petit président qui se rêve en grand. Brendan Carr a longtemps erré dans les couloirs de la Commission fédérale des communications (FCC), dont le siège se situe à Washington. Embauché comme conseiller juridique en 2012, promu au rang de commissaire en 2017 par Donald Trump, ce régulateur prend désormais la tête de l’organisation chargée des télécommunications à la demande de ce même président réélu des Etats-Unis. Un «combattant de la liberté d’expression» que le chef d’Etat espère bien voir s’attaquer aux géants de la tech, a-t-il annoncé dimanche 17 novembre.
Thank you, President Trump!
— Brendan Carr (@BrendanCarrFCC) November 18, 2024
I am humbled and honored to serve as Chairman of the FCC.
Now we get to work. 🇺🇸 pic.twitter.com/MPyL2d38kT
Réagissant à sa nomination, Brendan Carr a sorti les grands mots et les gros biscotos sur X : «Nous devons démanteler le cartel de la censure», clame l’homme de 45 ans. Les mafieux ici ? Facebook, Google, Apple ou encore Microsoft. L’enjeu est pour lui important, puisqu’il s’agit de «restaurer le droit à la liberté d’expression des Américains». Brendan Carr se serait-il planté de job ? La FCC n’a aucune prise sur la régulation des Big Tech, à l’inverse de la Federal Trade Commission (FTC). Son rôle consiste davantage à attribuer des licences pour les ondes radio et télévisées. Ce qui, soit dit en passant, est tout aussi intéressant pour Donald Trump, qui a déjà menacé CBS et ABC de leur retirer leur licence en les accusant d’être biaisées en faveur du camp démocrate.
Qu’importe les règles établies. Pour Brendan Carr, elles doivent bouger : «La FCC doit changer de cap.» Cet encarté républicain a d’ailleurs rédigé un chapitre dédié à sa future agence dans le «Projet 2025», manuel conservateur conçu par le cercle de réflexion de l’Heritage Foundation pour orienter la politique de Donald Trump. Dans ses écrits, Brendan Carr est implacable : l’un des objectifs de la FCC est bien de «maîtriser les Big Tech».
Ainsi, outre sa volonté de mettre au pas les Gafam américains, le quadragénaire n’écarte pas la possibilité de bannir le réseau social chinois TikTok pour des raisons de sécurité nationale. Surtout, il appelle à réformer l’article 230 du Communications Decency Act de 1996. Ce texte est régulièrement décrié pour la grande liberté qu’il accorde aux plateformes. D’un côté, les démocrates estiment qu’il déresponsabilise les réseaux sociaux du contenu qu’ils hébergent, qu’il soit haineux ou illégal. De l’autre, certains conservateurs l’accusent de permettre aux plateformes de «censurer» les pro-Trump à leur guise.
Le copain d’Elon Musk
Au sein de l’équipe présidentielle en train de prendre forme, le nouveau président de la FCC rejoint un copain : le milliardaire Elon Musk, qui a été nommé à la tête d’une commission chargée de «l’efficacité gouvernementale». «Félicitations !» lui a d’ailleurs adressé le PDG de Tesla sur X. En 2022, Carr s’était frontalement opposé aux efforts visant à bloquer l’acquisition de Twitter (devenu X) par l’homme le plus riche du monde. Aussi, fin 2020, il s’était prononcé contre la FCC pour défendre l’homme d’affaires, comme le rappelle le New York Times. Elon Musk tentait alors d’obtenir une subvention de 885 millions de dollars de la part de l’agence pour son service de fourniture d’accès à Internet Starlink. Sur le papier, la FCC octroie en effet certaines sommes aux projets contribuant à connecter des foyers ruraux à la grande Toile. Toutefois, faute de preuve attestant de la fiabilité de l’entreprise tech, la demande de subvention avait été rejetée.
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Elon Musk va-t-il enfin pouvoir toucher ses millions pour envoyer toujours plus de satellites dans notre voûte céleste ? Comme le souligne Donald Trump, Brendan Carr doit aussi «répondre aux besoins de l’Amérique rurale». Mais pour l’heure, et si l’on en croit ses tweets, le quadragénaire semble s’être fixé une autre priorité : mettre fin à la «promotion du DEI», comprendre les initiatives mettant l’accent sur la diversité, l’égalité et l’inclusion. «En ce qui concerne la promotion du DEI par la FCC, je n’ai qu’une chose à dire : Afuera [dehors en espagnol, ndlr] !» écrit-il. Le tout accompagné d’une vidéo du président argentin d’extrême droite, Javier Milei, en train d’envoyer valser des étiquettes. Ça promet.