Au jeu des sept familles de David Lynch, c’est l’une des cartes les plus secrètes : celle de Rebekah Del Rio, chanteuse californienne immortalisée par son Llorando, reprise du Crying de Roy Orbison et chanson centrale, catégorie cicatrice béante et puits sans fond, du film Mulholland Drive en 2001. Roy Orbison racontait un amour manqué, Rebekah Del Rio, avec les images de Lynch, en a fait une tragédie noire sur Hollywood, ses pièges, son indifférence et sa cruauté, qui en trois minutes et trente-deux secondes, l’a fait instantanément entrer dans la mythologie étendue du cinéaste.
Née en 1967 à Chula Vista en Californie, Rebekah Del Rio a grandi à San Diego. Fan des Smiths et de Morrissey (références archi populaires dans la communauté latine en Californie), elle se fait un nom dans les années 90 non pas dans l’indie rock mais dans la musique country, reprenant déjà, dès ses débuts le Crying de Roy Orbison, mais dans sa version originale et a capella, son groupe ayant du mal avec les changements d’accord du morceau. C’est en 1995, après la mort de Selena, star de la scène Tejano abattue par la présidente de son fan-club, qu’elle adaptera la chanson en espagnol. Une période où Rebekah Del Rio connaîtra également son premier succès notable, le single Nobody’s Angel qui atteindra la deuxième place des charts… aux Pays-Bas.
Une bizarrerie comme on en rencontrait régulièrement dans la musique populaire des années 90, qui