La gueule cassée, tout en cicatrice, un homme en habit traditionnel pachtoune sort de son véhicule dans le Mahatma Gandhi, un district de Houston. Il laisse sa femme dans la voiture et entre dans l’Afghan Market. On y trouve une épicerie, du prêt-à-porter et des tapisseries venues de Kandahar ou de Kaboul. Et pour tout nouveau venu, le restaurant Afghan Village est un passage obligé. «Ceux qui arrivent me connaissent, explique le patron Omer Yousafzai. Je m’occupais des traducteurs pour la force internationale en Afghanistan, l’Isaf [Force internationale d’assistance à la sécurité, ndlr]. J’ai recruté des milliers de personnes à l’époque. La plupart de ceux que j’ai engagés sont ici maintenant. Ils frappent à la porte et me disent : “Vous me reconnaissez ?”»
Reportage
Il emploie régulièrement les nouveaux arrivants qui parlent anglais, le temps qu’ils prennent pied au Texas, et fait également office de traducteur, d’entremetteur, de conciliateur pour les autres. Au plus fort de l’afflux de réfugiés qui a suivi la prise de Kaboul par les talibans le 15 août 2021, Omer Yousafzai livrait aussi des milliers de repas, gratuitement. Finissant son déjeuner, un policier d’origine pakistanaise l’interpelle : «Omer, vous pouvez venir cet après-midi au collège avec moi ? J’ai un problème avec des jeunes afgh