C’est le milieu de l’après-midi ce 7 juin, et une nuit orangée s’est engouffrée dans l’appartement, comme dans tous les intérieurs new-yorkais avec fenêtres, repeints de la même pénombre mi-pisseuse mi-dorée qui épaississait depuis des heures déjà l’air au-dehors. «Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?», s’était-on littéralement exclamé la veille en fin de journée, face à la couleur et l’éclat étranges, dans un ciel enfumé, de ce qui s’est avéré être le soleil. Un soleil comme on n’en avait jamais vu jusqu’alors : plus boule de feu que jamais mais cerné par la grisaille d’un ciel de suie, du même orange vif et doré que les feux de circulation de la ville, et d’une netteté brûlante qui se laisse pourtant regarder en face, au filtre du smog, avec une fascination mêlée d’épouvante.
Dans l’après-midi mercredi, l’indice de pollution de l’air à New York s’est élevé à 484 (sur une échelle de 0 à 500), un pic jamais atteint par la ville depuis que l’agence fédérale de protection environnementale en a systématisé le suivi, en 1999. Pulvérisé, le précédent record local, établi en juillet 2002, était de 167. Il découlait alors comme aujourd’hui