La République dominicaine est en deuil. Lundi, le ministre de l’Environnement, Orlando Jorge Mera, a été tué par balles dans son bureau de Saint-Domingue, abattu en pleine réunion entre le ministre et son équipe. Le tireur supposé, un certain Miguel Cruz, a été placé en garde à vue. Selon la famille d’Orlando Jorge Mera, cet homme d’affaires était un «ami d’enfance» du ministre, qui le recevait parfois dans son bureau. Il bénéficiait donc d’un accès facilité aux zones de sécurité au sein du ministère et n’aurait pas rencontré de difficultés à entrer dans le bâtiment.
Les raisons de cet assassinat restent floues mais, selon la presse locale, Miguel Cruz aurait pu vouloir se venger de la fermeture, sur ordre d’Orlando Jorge Mera, d’une cimenterie dont il était propriétaire. Une enquête a été ouverte par le parquet pour déterminer les circonstances exactes du drame et définir les charges qui pèseront contre l’accusé devant les tribunaux.
Défenseur des zones protégées
Le décès du ministre rappelle l’assassinat du maire de Santo Domingo Este, Juan de los Santos, en décembre 2015, lui aussi tué par un ami. Pourtant, les attentats contre des membres du gouvernement restent rares dans ce pays frontalier d’Haïti, le petit pays où le pouvoir grandissant des gangs armés menace régulièrement les membres du gouvernement. En juillet 2021, le président haïtien Jovenel Moïse était assassiné chez lui par un commando et en novembre, c’est le Premier ministre, Ariel Henry, qui avait échappé à des tirs de balles.
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La violence contre les représentants du pouvoir fait cette fois la une des journaux dominicains, même si «la criminalité n’est pas un problème propre à la République dominicaine», nuance Listín Diario, l’un des principaux titre de presse du pays. «En Amérique latine et dans les nations des autres continents, les gouvernements sont confrontés à la montée de ce fléau, que les démocraties continuent d’'entraîner par la persistance des inégalités sociales», poursuit le journal, qui appelle à s’attaquer à l’origine du problème, à savoir un manque de volonté politique de sanctionner la criminalité.
Un point auquel semblait avoir décidé de s’atteler le défunt ministre de l’Environnement au cours de ses vingt et un mois d’exercice. De l’abattage illégal d’arbres au commerce interdit de coquillages en passant par l’extraction de sable ou la contamination de l’eau par des industries, Orlando Jorge Mera s’était donné comme priorité la défense des zones protégées.
Dans une interview donnée à la presse locale en mars, l’homme de 55 ans indiquait avoir porté en moins de deux ans près de 2 300 affaires devant les tribunaux, notamment pour violation de permis environnementaux ou exploitation forestière illégale. Et dans sa lutte pour mettre un terme à la dégradation des bassins hydrographiques, il expliquait à Listín Diario s’être parfois heurté à «des mafias et à des cartels impliquant des militaires actifs et retraités, ainsi qu’à des politiciens de l’actuel et de l’ancien parti au pouvoir».