Pour le Parti démocrate mais surtout pour les Etats-Unis, c’est une ère de grande incertitude qui s’ouvre après le retrait de la présidentielle de Joe Biden. A 81 ans, le président américain a annoncé dimanche 21 juillet qu’il ne serait finalement pas candidat à sa propre réélection en novembre face à Donald Trump. A quoi peuvent ressembler les semaines qui viennent ?
Comment trouver un ou une candidat remplaçant ?
Même en cas de consensus sur le nom du candidat pour lui succéder, le processus pour formellement remplacer Joe Biden risque d’être un peu technique. Le président a été désigné comme le candidat des démocrates à la présidentielle lors d’une série de primaires, qui se sont tenues de janvier à juin. Il devait donc, en théorie, être intronisé lors de la convention du parti, du 19 au 22 août à Chicago.
Mais avec ce retrait, les délégués du parti, 3 900 personnes des 51 Etats aux profils très variés, sont désormais libres de choisir leur candidat. Il est d’ailleurs probable que le choix du candidat de substitution s’opère la première semaine d’août, bien avant la convention, par le vote de ces délégués.
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Dans une note écrite avant le retrait de Joe Biden, la chercheuse Elaine Kamarck de l’institut Brookings imaginait qu’une telle éventualité donnerait lieu à un «genre de convention où tous les coups sont permis», chaque camp essayant de pousser pour son candidat. Un scénario à peu près comparable s’était présenté pour les démocrates le 31 mars 1968, quand le président Lyndon B. Johnson avait publiquement annoncé qu’il ne briguerait pas de second mandat, en pleine guerre du Vietnam.
Peu après l’annonce de Joe Biden, le chef des démocrates s’est voulu rassurant sur le processus de sélection du candidat. «Dans les prochains jours, le Parti va entreprendre un processus transparent et discipliné pour aller de l’avant, en tant que Parti démocrate uni, avec un candidat qui peut battre Donald Trump en novembre», écrit dans un communiqué Jaime Harrison, le patron du parti.
Qui pour remplacer Joe Biden ?
Dès l’annonce de son retrait, Joe Biden a dit soutenir sa vice-présidente Kamala Harris. Mais aucune règle ne prévoit que le colistier ou la colistière remplace automatiquement le candidat en titre. Dans la foulée du débat calamiteux de Joe Biden, elle avait été envoyée pour éteindre l’incendie. La quinquagénaire avait alors concédé que Joe Biden avait été «lent au démarrage» mais qu’il avait «fini en force». Sans évoquer, à aucun moment, la possibilité de le remplacer.
Profil
Kamala Harris, première femme et première Afro-Américaine au poste de vice-présidente, pourrait aussi être concurrencée par d’autres membres de la jeune garde du parti. Comme le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui a le vent en poupe chez les démocrates. Ce dernier a toutefois estimé que ce type de «conversations» ne faisait «pas du bien à notre démocratie».
Les noms de la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, et de Pennsylvanie, Josh Shapiro, circulent aussi avec insistance.
Comment peut se dérouler la campagne ?
Une fois un candidat choisi, restera un problème de taille : réaliser une campagne express de trois mois pour se faire connaître des plus de 250 millions d’Américains en âge de voter, et surtout, réussir à les convaincre. Kamala Harris part ici avec un certain avantage, étant déjà connue depuis près de quatre ans comme la vice-présidente de Joe Biden. L’ex-sénatrice de Californie, qui a déjà reçu le soutien de plusieurs élus, sillonne en outre les Etats clés depuis des mois pour faire campagne, notamment sur le droit à l’avortement – un thème clé de la présidentielle cette année.
Autre préoccupation, les fonds déjà levés par la campagne de Joe Biden ne seront pas facilement transférables à tout autre candidat d’un point de vue légal. Le nom de Kamala Harris étant déjà présent sur les documents officiels de la campagne de Joe Biden, certains experts arguent cependant que le contrôle des millions de dollars déjà récoltés pourrait lui être attribué plus facilement. Un argument supplémentaire dans l’escarcelle de la Californienne pour obtenir l’investiture du parti. Le postulat est déjà rejeté néanmoins à droite, et des recours judiciaires seraient à attendre en cas de transfert des fonds.