Un tribunal russe a une nouvelle fois prolongé ce mardi 26 mars la détention provisoire du journaliste américain Evan Gershkovich, arrêté il y a un an pour des accusations d’espionnage qu’il rejette. «Le tribunal municipal de Moscou a examiné une requête des autorités chargées de l’enquête préliminaire et a prolongé la durée de détention d’Evan Gershkovich jusqu’au 30 juin 2024», a indiqué sur Telegram le service de presse des tribunaux moscovites.
Reporter au Wall Street Journal, Evan Gershkovich, qui a aussi travaillé pour l’AFP à Moscou par le passé, avait été arrêté fin mars 2023 par le FSB lors d’un reportage à Ekaterinbourg, dans l’Oural. Il est accusé d’«espionnage», accusations qu’il rejette, tout comme les Etats-Unis, son journal, et ses proches. Il encourt jusqu’à 20 ans de prison.
La Russie n’a jamais étayé ses accusations ni apporté publiquement d’éléments de preuve. Toute la procédure, elle, a été classée secrète. L’ambassadrice américaine à Moscou, Lynne Tracy, a déclaré ce mardi que le prolongement de sa détention était «particulièrement douloureux» car cette semaine marque le premier anniversaire de son arrestation. «Evan a fait preuve d’une résistance et d’une force remarquables face à cette situation sinistre, a-t-elle indiqué dans un communiqué. Mais il est temps que le gouvernement russe laisse Evan partir.»
Echange de prisonniers évoqué par Poutine
Plusieurs citoyens américains ont été arrêtés et condamnés ces dernières années à de lourdes peines en Russie. Washington, qui soutient Kyiv face à l’armée russe depuis deux ans, accuse Moscou de les prendre en otage pour les échanger. Vladimir Poutine a quant à lui récemment dit vouloir négocier un échange de prisonniers avec Washington, évoquant le cas d’un condamné pour un assassinat commandité attribué à la Russie qui est actuellement détenu en prison en Allemagne.
Depuis la fin de la guerre froide, Evan Gershkovich est le premier reporter étranger détenu en Russie pour «espionnage», un crime passible de vingt ans de prison dans le pays. Le 29 mars 2023, le journaliste avait été arrêté par le FSB (les services de sécurité intérieure), selon lequel «il tentait d’obtenir des informations classifiées», notamment «sur les activités d’une entreprise du complexe militaro-industriel russe». Evan Gershkovich se trouvait alors à Iekaterinbourg, dans l’Oural, où il était en train de boucler une enquête sur la perception qu’ont les Russes des mercenaires de Wagner et de leur patron, Evgueni Prigojine, tué dans le crash de son jet privé le 23 août.
Mise à jour ce mardi 26 mars : ajout à 11 h 15 de davantage de contexte.