Des centaines et des centaines de lettres, conservées dans trois gros cartons dans un appartement de l’ouest francilien. Sandrine Ageorges-Skinner a renoncé à les compter. Depuis 1996 et le début de sa correspondance avec Hank Skinner, entamée sur le conseil d’un ami juriste, la militante abolitionniste n’a quasiment jamais cessé d’écrire à cet homme dont elle est tombée amoureuse, au fil de leurs échanges épistolaires et des visites qu’elle lui a rendues au Texas. En 2008, ils se sont mariés. Etrange union : les deux époux ne se sont rencontrés qu’en prison, dans ce couloir de la mort au fond duquel Hank Skinner patiente depuis sa condamnation à la peine capitale, en 1995.
Pendant ce quart de siècle, Sandrine Ageorges-Skinner en a appris un rayon sur l’appareil judiciaire texan, sa lenteur et sa violence. Hank Skinner a été arrêté le 1er janvier 1994, accusé d’avoir tué sa compagne Twila et les deux fils de celle-ci, âgés de 17 et 19 ans. Il a toujours affirmé être innocent, et l’étude de son dossier révèle un nombre à peine croyable d’incohérences et de défauts de procédure : analyses négligées, scellés disparus, témoins pas entendus… Une voisine, qui avait dénoncé Hank Skinner, se récusera deux ans plus tard, expliquant avoir cédé aux pressions du procureur. Pour Sandrine Ageorges-Skinner, pas de doute : l’enquête est à charge, et la justice texane s’acharne contre son mari. «Ils ne voudront jamais reconnaître son innocence», lâche-t-elle.
D’appel en appel, d’espoirs